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Un marché investi par les Français

Enquête | publié le : 06.09.2005 | C. L.

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Un marché investi par les Français

Crédit photo C. L.

Pour faciliter leur recrutement, les entreprises françaises investissent le champ de la formation en créant leur propre école interne ou en se rapprochant des universités chinoises, également courtisées par les établissements de formation français.

On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Les entreprises françaises peinant, comme l'ensemble des entreprises étrangères, à trouver des candidats, elles ont décidé d'investir le champ de la formation. Pour elles, deux voies sont possibles. La première ? Créer ex nihilo des écoles internes, à l'instar de L'Oréal, qui a installé récemment son centre de formation à Shanghai, et de Michelin, qui possède une école de formation dans une de ses usines de Shanghai, ou encore de Danone, qui a exporté le concept d'université d'entreprise.

Collaborations internationales

La seconde consiste à se rapprocher des universités chinoises qui diplôment, chaque année, 739 000 jeunes (1). D'ailleurs, ces collaborations internationales répondent aux voeux des autorités. Ainsi, la République populaire de Chine accueille environ 80 000 experts étrangers par an, dont 13 000 pour le compte des établissements de l'enseignement supérieur.

Les cadres d'Alstom Transport font partie de ceux-là. Ainsi, le chief technical officer de l'entreprise est venu de Paris, cette année, faire un exposé dans une université de Pékin. Il fera de même dans une autre, en septembre. « Il fait la promotion de l'entreprise, de ses technologies et de ses produits », précise Loïc Mahé, senior vice-président d'Alstom Transport China.

Il est à noter, par ailleurs, que les professeurs des universités chinoises sont souvent membres des comités d'évaluation des appels d'offres des municipalités. Il est donc toujours bon qu'ils connaissent les entreprises.

De son côté, Michelin est l'une des entreprises sponsors du MBA de la China Europe International Business School of Shanghai (CEIBS) aux côtés, entre autres, de LVMH. « Tous les ans, nous recrutons des étudiants issus de ce cursus, principalement pour nos fonctions commerce et gestion », signale Jean Laporte, career development à la direction du personnel de Michelin Asia Pacifique.

Partenariats avec des universités

Ces partenariats entreprise/université sont également développés chez Areva, comme l'explique Thierry Lacarne, DRH Asie d'Areva : « Sur les moyen et long termes nous travaillons sur des partenariats avec des universités, comme, notamment, Tsinghua à Pékin et Shanghai Jiaotong. Nous participons également au programme de Paris Tech. » Cette association, regroupant onze des plus prestigieuses écoles d'ingénieurs françaises, sélectionne de jeunes talents chinois dans les meilleures universités locales et les invite à suivre, à l'aide de bourses octroyées par les entreprises françaises se développant à l'étranger, les deux dernières années des cycles d'ingénieurs en France.

Relations de long terme

Arkema Chine travaille dans le même sens. « Nous sommes, d'une part, présents sur les forums des grandes écoles en France pour y repérer les étudiants chinois susceptibles d'être embauchés en fin d'études ; et, par ailleurs, nous travaillons à développer des relations privilégiées de long terme avec certaines universités chinoises ayant elles-mêmes signé des accords avec des écoles d'ingénieurs et de commerce françaises », présente Sabine de Villoutreys, DRH d'Arkema Chine.

Et, en la matière, le nombre d'établissements français désireux d'investir le marché chinois de la formation grossit chaque jour. Ce sont, ainsi, plus de 150 accords de partenariat institutionnels signés entre les établissements chinois et français. Dernier en date, celui de l'intergroupe des écoles Centrale (Paris, Nantes, Lyon, Lille) avec l'université d'aéronautique et d'astronautique de Beihang, qui inaugurera une école d'ingénieurs sino-française à Pékin, le 16 septembre prochain. Elle dispensera une formation à la française en six ans.

Accord de franchise

Autre exemple : le groupe ESC Saint-Etienne a signé, en juin dernier, un accord de «franchise» avec une université chinoise, la Central South Forestry University (CSFU), pour son Bachelor IMBP, une formation post-baccalauréat de quatre ans. Ce sera bientôt au tour de l'EM Lyon, qui envisage la création d'un MBA à Shanghai. Michelin a d'ailleurs été contacté par l'équipe pédagogique de l'école, « afin que nous leur présentions nos besoins », précise Jean Laporte.

Autant de rapprochements qui prévoient des échanges d'étudiants. Ce qui n'est pas pour déplaire aux entreprises. « En effet, nous pourrons rencontrer des étudiants qui auront, durant leur cursus, été exposés à des univers français », explique Sabine de Villoutreys.

Vivier intéressant

Pour l'heure, on compte près de 13 000 étudiants chinois dans l'Hexagone, contre 1 440 en 1998. Les écoles d'ingénieurs et de commerce de la Conférence des grandes écoles en accueillent, pour leur part, 1 200. De quoi constituer un vivier intéressant pour ces entreprises françaises basées en Chine, à l'affût de Chinois parlant français et aguerris au modèle made in France.

(1) Moins de 8 % des jeunes accèdent à l'université. L'examen national d'entrée à l'université n'admet que 13 % d'une classe d'âge ; la volonté politique affichée est d'accroître ces effectifs pour atteindre, à l'horizon 2010, 15 % d'une classe d'âge.

Auteur

  • C. L.