Non, imiter les méthodes de management américaines n'est pas la seule voie de salut pour l'Europe ! Oui, un modèle européen peut et doit exister puisqu'il a toutes les chances d'être plus efficace dans les entreprises dont la culture n'est pas anglo-saxonne. La mondialisation des marchés, la tendance à l'uniformité linguistique dans le monde des affaires ne doit pas faire oublier que les pratiques financières et de gestion divergent de part et d'autre de l'Atlantique pour des raisons historiques et culturelles.

Cependant, ce modèle de management européen ne s'oppose pas au modèle anglo-saxon dominant, d'abord parce que les grandes entreprises sont implantées dans plusieurs pays et continents, ensuite, parce que l'Europe n'est pas une entité économique et culturelle unique et homogène.

L'ambition de cet ouvrage collectif, auquel ont participé une vingtaine d'enseignants chercheurs issus essentiellement des sciences de la gestion et de l'économie, est de montrer qu'au-delà d'un discours et de tendances liées à la mondialisation, le management des entreprises ne se caractérise pas par la pensée managériale unique mais, au contraire, par des différences profondes et durables, des spécificités nationales et régionales.

Le management européen se distingue par une prise en compte de cette dimension culturelle et humaine, un attachement à des valeurs d'équité et de développement durable, une organisation tolérante vis-à-vis de l'idée de différence, une relation à la performance qui s'inscrit dans la durée... Autant de valeurs que les Européens auraient bien tort de renier.

- Michel Kalika est professeur à l'université Paris-Dauphine, chercheur au Crepa (politique générale-organisation-GRH-e-management).