Et de deux ! Après avoir sérieusement épinglé France Télécom dans sa Machine à broyer (Jean-Claude Gawsewitch Editeur, août 2004), Dominique Decèze, un spécialiste des questions de santé au travail, s'attaque désormais à EDF-GDF. En toile de fond de ces deux ouvrages, le contexte de privatisation qui entoure ces ex-fleurons du service public «à la française». Et Dominique Decèze n'y va pas par quatre chemins : si EDF-GDF subit une profonde crise identitaire pesant sur sa situation sociale, ce sont bien les agents qui paient les pots cassés. Au programme : recrudescence des accidents du travail - parfois mortels -, maladies professionnelles, suicides, agressions, dégradation des conditions de travail... Des souffrances vécues à tous les étages de l'entreprise, « de la production à la distribution ».

Tout aussi grave, celui-ci évoque des installations nucléaires vieillissantes où les incidents se multiplient. Pour étayer son analyse, l'auteur s'appuie sur des témoignages et sur de nombreux rapports, de la littérature syndicale aux procès-verbaux des CHSCT, en passant par les rapports des médecins du travail.

On peut simplement regretter que Dominique Decèze, dont on voit qu'il est un fervent défenseur du service public, n'ait pas suffisamment contrebalancé ses propos, par ailleurs bien argumentés, par le point de vue et les explications de la direction d'EDF-GDF. A moins que celle-ci se soit refusée à tout commentaire. Reste aussi une question : l'auteur entend-il publier une série d'ouvrages sur les entreprises publiques en voie de privatisation ?