logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

L'actualité

L'individualisation, mais sans le pouvoir d'achat

L'actualité | L'événement | publié le : 12.07.2005 | Guillaume Le Nagard

Image

L'individualisation, mais sans le pouvoir d'achat

Crédit photo Guillaume Le Nagard

Selon le panel Oscar de la CFDT, l'année 2004 est aussi mauvaise que la précédente pour le salaire des cadres. Elle consacre le recul des augmentations collectives et une individualisation qui permet de moins en moins de garantir le pouvoir d'achat.

Près de la moitié (44 %) des cadres ont perdu du pouvoir d'achat en 2004, tout comme l'année précédente. Les résultats du «Panel Oscar»*, baromètre annuel du salaire des cadres, présenté par la CFDT Cadres, le 7 juillet, indique que la rupture de 2003 pourrait se transformer en tendance. Et Jean-Paul Bouchet, secrétaire général adjoint, de craindre, dès à présent, « une troisième année noire en 2005 ». De fait, la proportion de cadres ayant perdu du pouvoir d'achat n'était encore que de 33 % entre 2000 et 2001, et de 39 % l'année suivante.

En moyenne, le pouvoir d'achat des cadres a augmenté de 1,5 %, tout comme en 2003, là encore en baisse constante depuis cinq ans (4,6 % en 2000, 2,56 % en 2001 et 1,57 % en 2002). Enfin, tout comme en 2003, près d'un cadre sur cinq a été exclu de toute forme d'augmentation.

Recul des augmentations collectives

La très faible augmentation du pouvoir d'achat est due - hormis les facteurs macroéconomiques, comme la dégradation de l'emploi des cadres - à un recul très net des augmentations collectives seules, qui perdent 7,7 points par rapport à 2003, et qui n'ont plus concerné que 27 % des cadres interrogés.

Autre élément d'explication : dans des cas de plus en plus fréquents, la faiblesse des augmentations et des primes individuelles n'a pas permis de faire face à la progression du coût de la vie. « C'est l'un des enseignements clés cette année, a d'ailleurs insisté Philippe Fontaine, chargé du panel Oscar à la CFDT Cadres ; 37 % des cadres qui ont reçu une augmentation individuelle ont pourtant perdu du pouvoir d'achat, contre 30 % l'année précédente et 17 % seulement en 2001. »

Décrochage des 51 à 60 ans

L'analyse par tranches d'âge de ce panel indique que la population des cadres de 31 à 40 ans reste au coeur de l'effort des entreprises, ce qui n'est pas anormal puisqu'ils perçoivent des rémunérations plus faibles que celles de leurs aînés. En revanche, la tranche des 51 à 60 ans subit un décrochage net sur les deux dernières années : l'augmentation de son pouvoir d'achat en 2003 et en 2004 (1,02 % et 0,93 %) est divisée par 2 à 2,5 par rapport à 2001, tandis qu'elle ne chute que de 45 % environ pour les cadres âgés de 31 à 40 ans.

La CFDT Cadres met donc une nouvelle fois l'accent sur les dérives de cette individualisation croissante des rémunérations, qui cumule « absence de lisibilité, complexité » et « génère de l'exclusion et de la démotivation ». Et ce, d'autant plus nettement que 2004 a été une année de résultats records dans les grands groupes, ainsi que d'augmentations de dividendes pour les actionnaires, de parachutes en or, de packages d'arrivée, de retraites du même métal et d'augmentations somptuaires pour certains dirigeants.

Négociations salariales

Le fait que le bénéfice d'augmentations individuelles ne permette même plus un maintien du pouvoir d'achat pour de nombreux cadres constitue un nouvel argument pour le syndicat, qui n'a jamais pu mobiliser les cadres sur la question des rémunérations collectives, ceux-ci étant, par ailleurs, généralement exclus des accords d'entreprise sur les salaires. La CFDT Cadres a l'intention de mener campagne sur des négociations salariales qui intégreraient les parties variables et individuelles. Des négociations globales rendues possibles par les résultats des groupes et qui poseraient, de nouveau, la question de la valeur ajoutée et du rééquilibrage.

* 1 011 cadres sur cinq ans, sans accident de carrière, avec ou sans changement d'entreprise. Privé : 53,5 % ; public : 14,1 % ; fonctions publiques : 32 %.

Auteur

  • Guillaume Le Nagard