En l'espace d'une vingtaine d'années, nous avons assisté à une perte des métiers manuels et techniques du fait, notamment, d'une délocalisation des industries vers les pays où la main-d'oeuvre coûte moins cher. Apparaît alors, dans l'entreprise, le syndrome du «survivant» pour les salariés qui restent après un plan social. Si les sociologues se sont souvent penchés sur la question de ceux qui perdent leur emploi, ils se sont rarement intéressés à ceux qui le conservent au prix d'un stress psychologique et, souvent, d'une culpabilité énorme de n'avoir pas fait partie de la charrette des licenciés. Pour Delphine François-Philip Boisserolles de St Julien, les réactions des survivants peuvent s'analyser selon deux phases : l'une concerne leur implication organisationnelle, l'autre, leur intention de quitter leur organisation. Pour tous semble prévaloir un sentiment d'injustice et d'insécurité dont les conséquences s'expriment en termes de démotivation et de chute de l'estime de soi. Après une étude des différents paramètres psychologiques à l'oeuvre pour les survivants, l'auteur conclut à la nécessité d'introduire une gestion différenciée des ressources humaines pour ceux qui survivent à un plan social.

- Delphine François-Philip Boisserolles de St Julien enseigne à Ecofi (chambre de commerce et d'industrie de l'Eure). Elle poursuit des recherches dans le domaine des ressources humaines sur le thème des plans sociaux et de leurs conséquences humaines.