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Les Pratiques

L'aide au sevrage tient ses promesses

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 05.07.2005 | Christian Robischon

Supprimer la cigarette, l'usine automobile n'y est évidemment pas parvenue en un an, et telle n'est pas son ambition, même à long terme. Mais les premiers bilans de son opération d'aide au sevrage, lancée au printemps 2004, font apparaître un résultat positif.

Malgré des résultats encourageants, l'opération d'aide au sevrage menée par le site PSA de Sochaux montre combien il est difficile d'éradiquer le tabac en entreprise. Au bout de trois mois de traitement, 47 % des 300 fumeurs de l'usine qui ont adhéré à la démarche avaient complètement arrêté, contre 44 %, selon l'étude de référence «Hurt & Coll» (Grande-Bretagne, 1997). L'écart atteint sept points (34 % contre 27 %) pour l'abstinence à six mois. Outre la petite moitié des volontaires qui ont stoppé la cigarette au bout de trois mois, 26 % ont diminué leur consommation de moitié, mais 27 % ont «replongé». Un taux de rechute qui grimpe à 44 % au terme d'un semestre.

Toucher à terme les plus motivés

Les résultats au bout d'un an ne sont pas encore connus. « Mais nous devrions dépasser les 17,4 %. C'est le taux d'abstinence de référence issu d'une compilation d'études internationales réalisées auprès de 35 692 sujets, entre 1978 et 2001, portant sur les effets des substituts nicotiniques à douze mois », annonce Philippe Morel, l'un des onze médecins du travail de l'usine. « Faire du chiffre » ne constituait pas l'objectif premier de l'établissement francomtois : sur un total estimé de 4 500 fumeurs, représentant 30 % des effectifs, la campagne souhaite toucher, à terme, 500 salariés « réellement motivés ». Les médecins du travail de Sochaux attribuent la légère plus-value par rapport aux statistiques générales à « notre accompagnement individualisé - incluant la surveillance du poids ; de l'alimentation ; le suivi du rythme cardiaque ; des troubles du sommeil et du comportement -, ainsi qu'au service de proximité qu'apportent les différentes infirmeries réparties sur le site », selon leur coordinateur Alain Castang. « Il ne s'agissait pas de se transformer en simple distributeur de patchs, mais de compléter par un vrai soutien, y compris moral », confirme Cyrille Courtier, DRH du site.

La motivation, souvent détectée lors de la visite médicale annuelle, devait être confirmée par deux tests d'aptitude au sevrage et, surtout, par la signature d'un engagement à suivre le parcours de trois mois et de cinq consultations, comprenant la prescription d'un patch ou de Zyban®.

Une participation financière

Ce protocole indique noir sur blanc au salarié l'investissement financier personnel qu'implique la campagne : l'intéressé doit, ainsi, payer le dernier tiers du traitement, soit 50 euros sur 150, les deux premiers étant acquittés par l'employeur d'une part, la mutuelle d'entreprise interne à Sochaux et l'Urrpimmec (institution paritaire de prévoyance), d'autre part. Ce qui semble avoir incité plus d'un fumeur à stopper sa consommation avant de devoir payer de sa poche : sur un traitement de trois mois, ceux qui ont arrêté l'ont souvent fait dès la fin du deuxième mois.

Emulation entre collègues

Les syndicats, consultés dans le cadre du CE, ont approuvé la campagne. « On ne peut que saluer ce qui va dans le sens de l'amélioration de la santé du personnel », estime Christian Driano, délégué CGT. Selon les médecins du travail, « l'émulation entre collègues a donné un coup de pouce supplémentaire aux candidats, comme lorsqu'on s'encourage en couple ». Voyant plusieurs de ses homologues agents de maîtrise arrêter, Marc Michel s'est dit « pourquoi pas moi ? ». Le jeune homme de 28 ans, dont quatorze de tabagisme, s'estime sorti de la dépendance. Il attribue à l'entreprise le mérite de lui avoir fait connaître le Zyban®.

L'encouragement familial reste cependant indispensable, selon Jean-Claude Jourdain, seul de son équipe à s'être porté volontaire. « On ne pouvait pas ignorer la campagne dans l'usine, vu toute la communication faite, mais j'ai surtout été incité à stopper par ma femme. » Après trente-trois ans de boîte et autant de tabac, cet opérateur maintenance est parvenu à décrocher en quelques jours et cinq patchs.

Une campagne pour tous

La campagne d'aide au sevrage tabagique a débuté au printemps 2004, dans la foulée du Plan cancer national et de deux hausses de prix du tabac rapprochées. Elle a associé le centre hospitalier régional de Belfort-Montbéliard et l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé).

Chaque année, depuis 2000, l'usine de 15 000 salariés mène une campagne sur un thème de santé. Le tabac a succédé aux maladies cardio-vasculaires, à la bonne santé au volant, au dépistage du glaucome et du cancer du colon. « A la différence des précédentes opérations, celle sur le tabac se prête à une action dans la durée, qui peut toucher toutes les tranches d'âge », rappelle Cyrille Courtier, DRH.

A l'échelle de PSA France, une instance de coordination des médecins du travail commence à recueillir les bonnes pratiques de chaque site pour en envisager la duplication, dont la lutte contre l'obésité à Rennes (lire Entreprise & Carrières n° 731).

Auteur

  • Christian Robischon