Patrice Chagnaud a repris, en 1996, Hydro-Applications, une PME rochelaise de 17 personnes, spécialisée dans la réparation de composants hydrauliques. Très vite, le nouveau patron se rend compte qu'il doit en changer radicalement le fonctionnement : « Mon prédécesseur avait une culture de l'oral. En tant qu'ingénieur, il montrait aux techniciens comment il fallait faire. Rien n'était formalisé ! » Patrice Chagnaud sait qu'il n'a pas les connaissances techniques nécessaires pour continuer de la sorte : les salariés doivent donc rapidement acquérir autonomie et expertise.

Aidé par l'Agefos-PME, et par des fonds européens (EDDF), un plan de formation sur trois ans, de 1997 à 1999, est mis en place (qui, en fait, va déborder sur l'année 2000), pour un coût représentant, chaque année, entre 4,5 % et 6,5 % de la masse salariale. Les stages sont dispensés par des organismes divers : le Cipecma pour la formation commerciale ; l'IFC pour la mise à niveau technique ; l'Afaq et un indépendant rochelais pour la sensibilisation à la démarche qualité ; et une entreprise locale pour l'informatique. Patrice Chagnaud fait même suivre à trois personnes des formations de formateurs à l'Afpa « pour qu'ils apprennent à transmettre ».

Seul souci, mais de taille : comment gérer la production avec, parfois, un tiers des effectifs absent au même moment ? Le dirigeant reconnaît, aujourd'hui, qu'il avait sous-évalué le problème : « On a dû beaucoup travailler et on a eu de gros coups de stress. Si c'était à refaire, j'étalerais le plan sur une plus longue période », affirme-t-il.

Quant au coût global de l'opération, il ne le chagrine guère : « J'ai accepté qu'il y ait moins de résultats ces années-là, mais c'est un investissement rapidement rentable. Ça ne nous a pas empêchés, bien au contraire, de doubler le chiffre d'affaires en sept ans ! » Le dirigeant admet toutefois que, sans aide financière, il n'aurait jamais pu mener à bien un projet d'une telle ampleur.

Fort de cette expérience, Patrice Chagnaud a mis en place une deuxième vague de formations, en 2002. Pour 35 000 euros, toujours financés en partie par des aides extérieures, il a de nouveau fait appel à l'IFC et au Cipecma.

Depuis, la formation est entrée dans les moeurs d'Hydro-Applications. Face à la pénurie de techniciens dans le secteur, pour ses nouvelles recrues, l'entreprise prévoit une «période de professionnalisation» interne, financée par l'Opca : la société embauche en CDI des hydrauliciens débutants, niveau bac pro, qu'elle forme, au total, 1 200 heures sur deux ans. Qui sont les formateurs ? Les anciens, ceux-là mêmes qui ont bénéficié - et bénéficient encore - de la formation de formateurs de l'Afpa.