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L'actualité

Toyota épinglé par les prud'hommes

L'actualité | publié le : 05.07.2005 | Guillaume Le Nagard

Le tribunal des prud'hommes de Valenciennes a condamné Toyota Motor Manufacturing France pour le licenciement abusif d'un de ses salariés de l'usine d'Onnaing, dans le Nord. Cet ouvrier était, par ailleurs, syndiqué CGT.

Grain de sable juridique dans la parfaite organisation de Toyota Motor Manufactoring France (TMMF), qui produit les Yaris sur le site d'Onnaing (59), depuis 2001 : le tribunal des prud'hommes de Valenciennes a condamné l'entreprise, le 30 juin, pour le licenciement sans cause réelle et sérieuse d'un ouvrier de son usine, accusé d'avoir brisé un outil. Le jugement est assorti de dommages et intérêts, à hauteur de 12 000 euros, augmentés des intérêts depuis le licenciement, en décembre 2002.

195 euros de dégâts

L'ouvrier, aujourd'hui âgé de 34 ans, avait cassé une clé à coupe, un instrument de contrôle qualité d'une valeur de 195 euros. La direction lui reprochait un geste intentionnel ; le salarié, syndiqué CGT, affirmant le contraire. Après sa mise à pied, il avait été licencié et reconduit chez lui en taxi. Le jugement considère la sanction disproportionnée, mais ne retient pas l'idée d'un licenciement prémédité. La direction de TMMF a « pris acte de la décision du tribunal » et « ne s'est pas encore déterminée sur la possibilité de faire appel ».

« Une dizaine de plaintes ont été déposées pour licenciement abusif, indique Eric Pecqueur, délégué CGT de l'usine. D'autres le sont pour discrimination syndicale - salaires bloqués, avertissements et sanctions. J'en suis moi-même à six avertissements et une journée de mise à pied en deux ans. » Plusieurs plaintes devraient être traitées pendant le quatrième trimestre de cette année. Son cas personnel passera devant le tribunal le 22 septembre.

L'envers du décor

Alors que l'usine, accueillie avec bienveillance dans un Valenciennois passé, depuis, de 23 % à 15 % de chômage, a souvent été présentée comme un modèle d'efficacité et de management, cette affaire fait peut-être apparaître un «envers du décor» du Toyota Production System (TPS), que la CGT dénonce depuis longtemps. « Plusieurs plaintes en cours concernent des licenciements après des arrêts maladie », affirme, ainsi, Eric Pecqueur, qui souligne une fréquence importante d'accidents sur le site, parfois non déclarés.

L'usine n'a pourtant été touchée par aucun mouvement social d'envergure depuis son ouverture. Le syndicaliste évoque le turn-over important des salariés, pour des raisons de licenciement ou de démission. L'effectif reste très jeune, moins de 30 ans en moyenne, encadrement compris. Pourtant, Eric Pecqueur signale un petit événement dans un des ateliers : à l'heure même où le tribunal de Valenciennes rendait son jugement, le 30 juin, une trentaine d'ouvriers arrêtaient le travail pour s'opposer à une menace de licenciement d'un chef d'atelier, et de rétrogradation d'un team leader, conviés à un entretien. La direction aurait rapidement cédé, selon le syndicaliste.

Auteur

  • Guillaume Le Nagard