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Enquête

« L'illettrisme freine la VAE »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 05.07.2005 | V. V.-L.

E & C : L'illettrisme est-il un frein à la validation des acquis de l'expérience ?

H. L. : On peut tout à fait reconnaître une expérience sans l'écrit ! Mais l'écriture et la lecture sont des outils essentiels d'émancipation. Une partie du public concerné a accumulé des petits boulots, des travaux au noir ou bénévoles. La certification interprofessionnelle doit donc valoriser ces compétences multiples non immédiatement référées à un type de certification. Cela pose le problème de la nature de la preuve.

Pour les niveaux infra V, les formateurs, qui peuvent informer les personnes illettrées, doivent réfléchir à des processus et outils différents : schémas, dessins, supports audio et visuels, tiers scripteur...

E & C : Faut-il adapter les procédures de VAE pour les situations d'illettrisme ?

H. L. : Non. Il n'est pas question d'augmenter le nombre d'heures ou d'adapter les exigences de preuve sous peine de dévaloriser les diplômes. Mais le dispositif doit être modulable pour toute personne. C'est l'idée de l'accompagnement important et souple proposé par Unifaf pour les éducateurs spécialisés.

E & C : Comment inciter des personnes en situation d'illettrisme à s'engager dans la VAE ?

H. L. : En les informant sur ce droit, mais aussi en mobilisant les intermédiaires de l'emploi et les DRH, car certains n'imaginent pas encore que la VAE s'applique aussi aux petits niveaux et parce qu'il reste des réticences quant à la reconnaissance financière qu'implique la certification. Il ne faut cependant pas s'illusionner sur les effets d'une telle information et s'appuyer sur quelques expériences significatives qui feront fonctionner le bouche à oreille.

E & C : Quel est l'enjeu collectif de l'accès de ces personnes à la VAE ?

H. L. : Du fait du mouvement en faveur des exigences de certification, tous ceux qui pouvaient être embauchés sans diplôme à certains postes n'auront plus accès à ces emplois. Pour que la certification au sens large ne soit pas une machine à exclure, soit elle ne doit pas être une exigence absolue, soit il faut prévoir des situations de travail apprenantes lors de l'embauche de personnes sans qualification. Dans le contexte démographique actuel, la VAE peut être un outil intéressant pour les secteurs en pénurie de main-d'oeuvre : si l'on dit à une personne que telle compétence peut lui permettre d'accéder à tel CAP, je suis persuadé qu'elle acceptera une mobilité professionnelle.

Auteur

  • V. V.-L.