Lutter contre l'illettrisme, le groupe Adia (4e réseau d'intérim) s'y emploie depuis 1999. Un premier programme, expérimenté en région Paca et financé par la DRTEFP et l'Agefos-PME, a concerné 12 collaborateurs. Généralisé depuis 2002 aux 460 agences du réseau, il a permis l'accompagnement de 46 intérimaires, âgés de 19 à 51 ans (dont deux femmes), travaillant dans le bâtiment, l'automobile et d'autres industries, tous scolarisés en France ou dans un pays francophone.

Baptisée Eclor, pour «Ecrire, compter, lire, s'organiser pour rebondir», cette formation de 300 heures réparties sur une à deux demi-journées par semaine, le plus souvent hors temps de travail - les entreprises clientes ayant rarement accepté de dégager du temps, coûte à Adia 3 600 euros par personne (12 euros l'heure) hors coût salarial. « La non-maîtrise des savoirs de base est un frein à l'évolution de ces personnes motivées », précise Cécile Ronflé, chargée de mission RH Intérimaires chez Adia.

Lors de l'«entretien bilan action intérimaire» (EBAI) propre à Adia, les conseillers en recrutement disposent d'un jeu de cartes élaboré par une psychologue, qui permet d'aborder le projet professionnel et de repérer les difficultés ; 9 906 heures de formation ont été distribuées.

Dans ses appels à projet diffusés aux organismes de formation, le groupe d'intérim demande un suivi individualisé, en alternance avec des phases en groupe, en fonction des objectifs professionnels et personnels des intérimaires.

Quatre domaines (communication, calcul, raisonnement logique et repérage espace-temps) constituent le référentiel de repérage des compétences linguistiques élaboré par le Cueep (Centre université-économie d'éducation permanente de l'université Lille-1), exigé pour obtenir les financements du Fonds d'action sociale (FAS). Les organismes doivent fournir des outils d'évaluation favorisant l'autoévaluation, s'appuyer sur les centres de ressources illettrisme, s'adapter aux horaires des intérimaires et utiliser les documents professionnels d'Adia et des clients.

Avec 46 intérimaires passés par Eclor, dont quelques-uns ont enchaîné avec un contrat d'alternance ou un CIF, le bilan reste pourtant mince. En fait, seules 11 agences ont fait remonter des besoins. Le sujet semble rester tabou chez les conseillers en recrutement.