Près de la moitié des entreprises françaises externalisent tout ou partie de leur fonction ressources humaines. Tel est l'enseignement principal de l'enquête Externalisation des applications et processus RH, réalisée par le cabinet de conseil et d'études spécialisé dans les nouvelles technologies Markess International, dont les résultats complets seront dévoilés le 23 juin prochain.

Selon Markess International, qui a sondé, en avril et mai derniers, 400 entreprises (plus de 75 % des répondants sont des DRH ou des responsables RH), 46 % d'entre elles admettent avoir déjà recours à des opérations d'outsourcing RH, tandis que 5 % sont actuellement en cours de réflexion. Si 39 % des personnes interrogées n'ont encore rien prévu, 10 % ont, en revanche, décidé d'abandonner tout projet. C'est, par exemple, la démarche suivie par Guyenne et Gascogne (près de 2 000 salariés), le plus important franchisé de Carrefour en France. Confiée, un temps, à ADP-GSI, la paie a ensuite été rapatriée en interne par la DRH du distributeur. En cause : des dysfonctionnements d'ordre technique, mais, surtout, le sentiment d'être dépossédé d'une fonction administrative majeure. L'enquête indique que près de 66 % des entreprises ouvertes à l'externalisation RH réaffectent leurs salariés sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.

Parmi les différents modes d'outsourcing, ce sont les services de traitement RH (automatisation des processus) qui recueillent le plus de suffrages (56 %) ; 44 % des entreprises optent pour l'ASP (Application Service Provider), l'hébergement en mode locatif de logiciels sur les serveurs d'un fournisseur, et 32 % pour l'infogérance d'applications ; 12 % des répondants déclarent avoir retenu l'externalisation de fonction ou BPO (Business Process Outsourcing), soit la forme la plus élevée d'outsourcing. « Un dernier chiffre à prendre avec des pincettes, remarque Hélène Mouiche, chargée de programmes chez Markess International. A mon sens, il existe, dans les entreprises, un certain flou sur la notion de BPO. Les 12 % déclarés sont certainement très surestimés. Le BPO se situerait davantage autour de 5 %, et dans tous les cas, sous la barre des 10 %. »

Autre constat : l'outsourcing RH concerne, avant tout, et de très loin, la gestion de la paie et des rémunérations, citée par 75 % des entreprises. D'ici à 2007, 91 % des sociétés envisagent même de confier leur paie à un prestataire. Suivent, avec 34 %, l'administration du personnel (gestion des contrats de travail, des données personnelles...), le recrutement (29 %) et la gestion des temps et des activités (27 %). « Le niveau fortement élevé de l'externalisation de la paie n'est nullement surprenant, note Hélène Mouiche. Car c'est une fonction à faible valeur ajoutée et consommatrice de ressources. »

En outre, les pratiques d'externalisation RH diffèrent peu selon la taille des entreprises, constate Markess International. Si les grands groupes y ont recours pour optimiser les coûts, les PME y voient un palliatif à leur manque d'expertise dans tel ou tel domaine RH. Les secteurs d'activité les plus matures sont, par ailleurs, ceux de l'industrie, de la distribution et du commerce, de la banque-finance-assurance.

Pour 62 % des personnes interrogées, les raisons qui poussent à externaliser les RH sont liées à des objectifs de réduction de coûts, notamment via une diminution des charges de personnel et une plus grande maîtrise budgétaire. Ensuite, les DRH se laissent séduire par l'amélioration du service rendu aux salariés et par la fiabilité des systèmes informatiques (34 %) ; 18 % d'entre eux se lancent pour combler un manque de compétences en interne et, pour 15 % des sondés, la décision d'externalisation est motivée par un événement (départs en retraite, fusion/acquisition, croissance rapide...).

Enfin, parmi les prestataires reconnus, les entreprises classent, dans un top 10, les sociétés ADP-GSI, SAP, Oracle/PeopleSoft, HR Access Fidelity, CCMX/Cegid, Sopra Group, Cap Gemini, IBM, Arinso International et Sage. En 2004, l'outsourcing RH aurait représenté, en France, un chiffre d'affaires d'environ 472 millions d'euros (407 millions d'euros en 2003), soit environ 35 % de l'ensemble du marché informatique RH (conseil, intégration, produits et licences, hors matériels).