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L'État aux petits soins pour les agents de l'ENA

Les Pratiques | Point fort | publié le : 14.06.2005 | Christian Robischon

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L'État aux petits soins pour les agents de l'ENA

Crédit photo Christian Robischon

Qu'il déménage à Strasbourg ou qu'il se reclasse dans la capitale, le personnel de l'Ecole nationale d'administration (ENA) bénéficie d'une large palette de mesures d'accompagnement.

Pour les agents qui contribuent à la formation de ses futurs hauts dirigeants, l'Etat s'est plié en quatre. Dans le cadre du transfert de l'ENA de Paris à Strasbourg, qui s'achèvera en juillet prochain, le personnel permanent de l'école - en charge de la scolarité, des stages, de l'organisation des concours, des montages de formation - a reçu de nombreuses incitations à la mobilité : indemnité conventionnelle de 11 430 euros nets d'impôts (12 300 euros pour le personnel avec enfants) ; financement de «missions de reconnaissance» (destinées à découvrir son futur environnement de travail, à trouver un logement...) pour l'agent et son conjoint ; forfait de déménagement et aide des services d'Etat et de la Communauté urbaine de Strasbourg pour la résolution des questions pratiques telles que le logement ou la scolarité des enfants.

Un personnel peu mobile

Reste que ces «carottes» n'ont pas suffi à attirer les candidatures : sur 109 salariés concernés par le transfert, seuls 12 vont suivre l'école en Alsace. « La majorité du personnel a une famille, et est donc moins mobile », observe la section CFDT de l'ENA. Celle-ci doit donc reclasser 97 agents, essentiellement à Paris ou dans sa proche banlieue. Sur place, à Strasbourg, l'ENA ne doit recruter que 60 personnes, car le transfert entraînera la suppression de 37 postes, en raison de la disparition de doublons entre les deux villes. L'accompagnement social de la mobilité vers Strasbourg comme le reclassement ont été confiés à une «direction de projet» - placée sous l'autorité du Premier ministre, dont relève aussi l'école - pilotée par Marie-José Toulgoat, qui avait géré, à la fin des années 1990, le retour d'Allemagne des personnels civils des forces françaises.

Après un bilan de compétences effectué par un CIBC (Centre interinstitutionnel de bilan de compétences), cette cellule de quatre personnes s'engage à présenter jusqu'à trois propositions de réemploi dans l'Administration, assorties, éventuellement, d'une formation d'adaptation. L'agent peut refuser les deux premières offres, ou se «rétracter» au bout d'un mois d'expérience dans le nouveau poste - un seul cas a été recensé, jusqu'à présent.

La troisième proposition est, en revanche, à prendre ou à laisser. En cas de refus, une mutation d'office est déclenchée. « Nous fonctionnons selon la règle du volontariat », confirme Antoine Durrleman, directeur de l'ENA. Consignée dans une «charte de mobilité», cette méthode douce est approuvée par les trois syndicats de l'ENA - CFDT, Unsa, et CGT - qui siègent dans un comité de suivi mensuel.

Début juin, 51 salariés sur 97 étaient reclassés ou en voie de l'être, dont 39 agents titulaires sur 74, et 12 contractuels sur 23. Les nouveaux emplois se situent dans des ministères, mais aussi au Conseil d'Etat, à la Cour des comptes, à l'Institut géographique national, où un salarié du Centre de documentation se reclasse comme archiviste, voire dans les collectivités locales. « Le profil des agents, spécialistes de l'ingénierie formation, a particulièrement intéressé les universités », ajoute Marie-José Toulgoat. Celle-ci reconnaît effectuer un travail «de dentelle», dans un contexte de réduction des effectifs de la fonction publique. « Trouver un poste libre n'est pas facile. Alors, de fait, les personnes acceptent souvent la première proposition », confirme Eric Andries, délégué CFDT.

Pas de panique si le reclassement prend du temps : chaque personne peut conserver son poste à l'ENA pendant un délai d'un an maximum à partir de l'arrivée de son remplaçant à Strasbourg. Concernant le plan de recrutement dans la capitale alsacienne, l'ENA l'a bouclé à 85 %. « Pour chaque poste, nous avons pu choisir entre au moins 3 ou 4 candidatures de qualité, voire beaucoup plus. L'ensemble du recrutement devrait être terminé fin juillet », annonce Antoine Durrleman.

Exemplaire, cette gestion de mobilité est-elle reproductible dans toute l'Administration ? Patrick Hallinger, secrétaire national de l'Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT, en doute : « L'ENA, c'est un fleuron, et les effectifs sont en nombre limité. Dans les douanes, le redéploiement a été plus coercitif. Et l'on verra comment cela se passe prochainement à l'Equipement. »

Paris/Strasbourg : quelle répartition des effectifs ?

Au 1er janvier 2005, l'ENA employait 230 agents, dont 65 à Strasbourg, essentiellement dans des services administratifs transférés depuis la première délocalisation en 1992, qui avait défrayé la chronique.

A la rentrée prochaine, les effectifs seront ramenés à 193, répartis en :

- 40 agents à Paris, où l'école conserve la formation permanente de courte durée et les coopérations internationales ;

- 6 en province, dans les Instituts d'études politiques où ils travaillaient déjà ;

- le solde sera basé à Strasbourg, principalement à la direction générale et au secrétariat général, au sein des directions en charge des stages, des études, de la formation permanente et de la recherche, du service de la scolarité et du centre de documentation.

L'essentiel

1 Les 12 salariés qui ont choisi de s'installer à Strasbourg reçoivent une indemnité de mobilité de plus de 11 000 euros, d'autres aides financières et une assistance pour la résolution des problèmes pratiques liés au déménagement.

2 Les 97 autres accèdent à une cellule de reclassement ad hoc, qui s'engage à faire jusqu'à trois propositions de réemploi.

3 A deux mois de la fin du transfert, le taux de reclassement dépasse légèrement 50 % et celui des recrutements à Strasbourg s'élève à 85 %.

Auteur

  • Christian Robischon