«Nous avions une culture d'entreprise forte pour la qualité et l'hygiène mais pas encore pour la sécurité, déclare Patrick de Coatpont, directeur des Fromagers de Thiérache. Nous voulons créer un mental sécurité. » En 2003, le nombre d'accidents du travail avec arrêt avait doublé. Depuis, cette entreprise picarde de 200 salariés mène une politique volontariste.

Une charte sécurité a été créée par le comité de direction. Un cadre a été invité à consacrer la moitié de son temps aux questions de sécurité et de conditions de travail. Sept nouveaux sauveteurs-secouristes ont été formés. Les quatre élus du CHSCT ont appris à élaborer «l'arbre des causes» en cas d'accident du travail. Et, pour sensibiliser l'ensemble du personnel, la PME a lancé, en 2003, un «Tour de France de la sécurité» avec Adecco, son prestataire de travail intérimaire. Elle a renouvelé cette expérience ludique en 2004 avec les «Jeux olympiques de la sécurité».

Dans le même objectif, une lettre bimestrielle, Peau de banane, traite des différents risques professionnels. Et le logo de la mascotte «Security man» figure sur toutes les communications concernant ce domaine. « Désormais, les salariés portent leurs équipements de sécurité », se réjouit Patrick de Coatpont. Le directeur affirme que le nombre d'accidents du travail a été divisé par trois en 2004 par rapport à 2003. Mais il refuse de donner toute précision chiffrée.

Parallèlement, la multiplication des troubles musculo-squelettiques et l'obligation d'élaborer le document unique ont incité les Fromagers de Thiérache à chercher l'aide d'ergonomes. « Nous sommes intervenus pour un diagnostic court sur les TMS et pour une formation-action afin de transmettre notre méthode d'analyse de prévention des risques », précise Bertrand Canepa, de l'Aract Picardie. Observations, entretiens, analyse globale de l'organisation, étude des indicateurs de santé ont été menés avec un comité de pilotage auquel appartenaient, notamment, un préventeur de la Cram, le délégué syndical CFDT, le CHSCT et le formateur en secourisme.

Deux lignes de production sensibles, l'affinage et l'emballage, ont été repérées. Depuis, une aide mécanique à la retourne des fromages a été installée à l'affinage. Et, à l'emballage, un équipement de mise à niveau évite, désormais, aux opérateurs, de se baisser ou de tendre les bras vers le haut pour saisir les fromages. « Maintenant, quand nous concevons un matériel, c'est avec un oeil d'ergonome », assure Patrick de Coatpont. Bertrand Canepa salue, pour sa part, la forte implication de l'entreprise et de ses salariés. Les Fromagers de Thiérache ont d'ailleurs été sélectionnés pour le Trophée «santé et sécurité» en région picarde, lors de la récente «Semaine qualité de vie au travail» de l'Anact.