Entreprise nantaise spécialisée dans la fabrication d'appareils de chauffage à gaz, Saunier Duval (1) était confrontée, depuis plusieurs années, à une difficulté de gestion des effectifs, liée à son activité hautement saisonnière. Alors que l'entreprise sort 2 000 chaudières par jour en saison haute (de septembre à novembre), elle en fabrique deux fois moins en mars et avril. Conséquence : une sous-occupation d'une partie des 600 salariés au printemps et un recours à 200 intérimaires au début de l'automne. « En période basse, ce sont essentiellement les postes «doux» qui diminuent, et il était difficile d'occuper toutes les personnes à restriction, nombreuses dans notre entreprise où la moyenne d'âge s'élève à 45 ans », explique Joël Pondevy, responsable de l'unité assemblage.

Pour résoudre le problème, l'entreprise a lancé, début 2004, un projet nommé «Concorde», pour favoriser la concordance entre vie de l'entreprise, souhaits de mobilité des salariés et possibilités d'évolution du personnel de production. Deux plans d'action ont été mis en place. Le premier a concerné la mobilité et la polyvalence avec la mise à disposition d'outils (bourse d'emplois, entretien de performance, de développement personnel, mise à jour des référentiels de compétences...). Le second plan d'action a porté sur l'ergonomie. Une cartographie des postes de travail a été réalisée, ainsi qu'une analyse fine de la situation de salariés à restriction ou non et de leur affectation en fonction de leurs capacités. Un ergonome et un technicien méthodes ont identifié les postes «acceptables» et les ont transformés, suite à des améliorations, en poste «doux». Les managers de production, les ingénieurs et les techniciens R & D ont suivi un module de formation sur les notions d'ergonomie.

Le projet «Concorde» s'est achevé au début de l'année 2005, mais les actions se poursuivent pour maintenir les résultats obtenus. Les actions menées ont permis de faire passer le nombre de postes «doux» de 58, fin 2003, à 82, fin 2004. La mobilité, timide au début, s'est fortement développée : 14 personnes ont été mutées d'un secteur à un autre, des opérateurs sont devenus techniciens et des techniciens agents de maîtrise ; 30 postes ont été proposés dans la bourse d'emplois. L'ergonomie a été intégrée dans la conception des produits et process. Coût de l'opération : 285 000 euros, sans aucune aide publique, rentabilisés en un an, grâce, notamment, à la réintégration d'activités sous-traitées. « En mars et avril derniers, personne n'a été sous-occupé », souligne Joël Pondevy. Un retour sur investissement qui n'inclut ni le gain induit par la baisse de l'absentéisme (de 9 % à 6 %), ni l'augmentation de la qualité, effet inattendu de cette gestion vertueuse des seniors.

(1) La PME a été récompensée par le Trophée de la qualité de vie au travail 2005, décerné par l'Anact.