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Les Pratiques

Les Suisses ne craignent plus le plombier français

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 07.06.2005 | C. R.

Le marché du travail helvétique n'a pas été bousculé par son ouverture aux travailleurs de l'Union européenne depuis un an. La libéralisation reste très encadrée et exclut, pour l'heure, les pays de l'Est.

En Suisse aussi, le refrain a été entendu : l'ouverture des frontières offrirait aux entreprises le dumping salarial et social sur un plateau. Un an après l'entrée en vigueur de l'accord de juin 2004 avec l'Union européenne sur la libre circulation des travailleurs, les acteurs économiques s'accordent à reconnaître qu'il n'en a rien été. La Suisse, il est vrai, a conservé de nombreux verrous. Derrière la proclamation de l'abolition de la priorité nationale, la libéralisation du marché du travail n'est effective que pour les missions de courte durée, qui ne requièrent plus d'autorisation préalable. Et, surtout, l'accord actuel se circonscrit aux quinze anciens Etats membres de l'Union, il n'ouvre donc pas les vannes au fameux plombier polonais...

Augmentation des infractions

Les statistiques officielles font état de l'arrivée de 24 000 travailleurs supplémentaires pour des séjours de moins de quatre mois, entre juin et décembre 2004. Soit 3 000 équivalents temps plein sur une année (0,1 % du total du pays). Le taux des infractions, lui, grimpe tout de même à 10 % pour la même période, avec 1 414 abus constatés sur 14 000 contrôles : salaires, conditions et durée de travail, cotisations sociales et durée de séjour. L'attention s'est surtout portée sur le respect du salaire minimum, qui n'a pas d'existence légale et n'est fixé qu'au niveau des 43 branches dotées de conventions collectives. « Mais les secteurs qui en sont dépourvus, comme la banque-assurance ou l'informatique, n'ont pas cherché à utiliser l'accord », constate Daniel Veuve, au ministère de l'Economie.

Pas de hausse du chômage

Les syndicats estiment le dumping un peu plus répandu dans la maçonnerie, en particulier, voire le BTP en général, secteur qui a recruté un travailleur «européen» supplémentaire sur trois. « Ces personnes, venues essentiellement des pays limitrophes, dont la France, ont répondu à des «coups de bourre» ponctuels et n'ont pas pris le travail des Suisses, dont le chômage n'a pas augmenté, en un an, dans notre branche », affirme Martin Fehle, dirigeant de la fédération suisse du BTP. Tous secteurs confondus, le taux de chômage avant et après accord est resté stable, à 3,7 %.

Ce tableau va-t-il s'assombrir en 2006, quand l'accord s'étendra aux nouveaux Etats membres de l'UE ? L'Union des syndicats suisses ne le craint pas, en misant sur le renforcement des contrôles, d'ores et déjà prévu. Les Suisses se prononceront le 25 septembre par référendum. « Ici aussi, le non progresse à l'approche de l'échéance. Un non de peur face à l'ultra-libéralisme et au chômage », observe le dirigeant syndical Pietro Cavadini. Un air déjà entendu ailleurs...

Auteur

  • C. R.