Rapport de Virville, Camdessus, Cahuc-Kramarz ou Marimbert... Pour doper l'emploi, les propositions existent. Depuis près de deux ans, constats, diagnostics et recommandations ont afflué sur le bureau de Jean-Pierre Raffarin. Dominique de Villepin s'en servira-t-il ?
Ni CDD, ni CDI, le contrat de mission est directement inspiré du contrat de chantier, en vigueur dans le bâtiment. Proposé par Michel de Virville, directeur des affaires sociales de Renault, il permettrait de caler les contrats de travail sur les cycles de production d'une entreprise. Ce projet avait, toutefois, provoqué un tollé syndical en janvier 2004, à la parution du rapport. Devant les critiques, le gouvernement a reculé. Seul le contrat-emploi export, destiné aux PME pour recruter un cadre, le temps d'une mission à l'étranger, a vu le jour.
Imaginé par les rapports Camdessus et Cahuc-Kramarz, le contrat unique permettrait de lever les obstacles aux licenciements en fusionnant CDI et CDD au sein d'un seul et même contrat. Selon les auteurs, les conditions de rupture seraient fixées à l'avance et renforcées progressivement avec l'ancienneté.
Selon l'idée du principe «pollueur-payeur», seules les entreprises qui licencient seraient tenues de cotiser à l'Unedic. C'est l'idée du rapport Blanchard Tirolle, publié dans le cadre des travaux du Conseil économique et social (CES) sur la protection de l'emploi et les procédures de licenciement. L'objectif étant de responsabiliser les entreprises en leur faisant prendre en compte le coût social de leur décision.
Déjà évoquée dans les rapports Marimbert, Cahuc-Kramarz et Camdessus, la question du contrôle des chômeurs, en insistant sur la sanction, refait surface. Le sujet devrait, d'ailleurs, faire l'objet d'une convention tripartite en cours d'élaboration par l'Etat, l'Unedic et l'ANPE. Le but recherché est d'améliorer l'efficacité de la recherche d'emploi, en graduant les sanctions selon la gravité des manquements constatés et en renforçant le pouvoir de l'Unedic pour suspendre les allocations des demandeurs d'emploi. Ce projet est vivement critiqué par les syndicats qui voient dans ce dispositif un moyen de « s'attaquer aux chômeurs plutôt qu'au chômage ».
Pierre Cahuc et Francis Kramarz suggèrent de lever les barrières à l'entrée de certaines professions réglementées (vétérinaires, coiffeurs, taxis, kinésithérapeutes...) pour créer « plus d'un million d'emplois ». Trois obstacles à lever, selon les auteurs : les numerus clausus, les lourdeurs de certaines réglementations et les formations trop longues pour obtenir un diplôme.
C'est la recommandation de l'Unedic pour coller au plus près des besoins du terrain : formations homologuées (cofinancées avec l'Etat et les collectivités locales), conventionnées (financées en totalité par l'Unedic) ou, encore, des actions de formation préalable à l'embauche (AFPE). Ces formations obtiennent de bons résultats : 60 % des demandeurs d'emploi qui y ont participé retrouvent un travail dans les cinq mois qui suivent. Ce pourcentage monte à près de 80 % pour les personnes sortant d'une formation conventionnée.
L'idée est proposée par Pierre Méhaignerie, président de la commission des finances de l'Assemblée nationale. Le montant de la prime pour l'emploi, qui est en moyenne d'environ 270 euros par bénéficiaire, doit être doublé, ce qui aurait un effet bénéfique sur la consommation. Elle pourrait être versée mensuellement. Huit millions de salariés en bénéficient actuellement.
Patrick Ollier, le président UMP de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, s'est prononcé, lui, pour le lancement d'un « emprunt populaire » pour de grands travaux d'infrastructures qui « créeraient une pompe permettant d'amorcer la reprise ».