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L'actualité

L'industrie française a peu délocalisé

L'actualité | publié le : 07.06.2005 | Guillaume Le Nagard

Selon deux chercheurs de l'Insee, les délocalisations d'emplois industriels français n'auraient été que de 13 500 par an en moyenne, entre 1995 et 2001.

Les emplois industriels français délocalisés n'ont été que 95 000 entre 1995 et 2001, soit 13 500 par an en moyenne, selon une étude menée par deux chercheurs de l'Insee, publiée le 2 juin. « Les délocalisations auraient touché un nombre limité d'emplois », indiquent-ils, précisant qu'elles représentent 0,35 % des emplois industriels, alors que les « suppressions d'emploi brutes annuelles dans l'industrie sont de l'ordre de 500 000 » (licenciements et fins de CDD).

Cette mesure des emplois délocalisés se fonde sur des données individuelles d'entreprises. Les délocalisations sont présumées lorsque l'emploi diminue ou disparaît au sein d'un établissement et que les importations du groupe détenant l'établissement touché augmentent pour le type de bien auparavant produit en France. Considérant les incertitudes liées à la méthode, l'Insee retient une large fourchette de 9 000 à 20 000 emplois délocalisés par an.

Vers des pays à bas salaire

Ces délocalisations se sont effectuées un peu plus souvent vers des pays industrialisés (limitrophes ou aux Etats-Unis) que dans les pays émergents, parmi lesquels la Chine s'impose (30 %). Au total, une fermeture d'établissement industriel sur 280 serait due à une délocalisation vers un pays à bas salaire. Les auteurs n'excluent pas une évolution depuis 2001, avec l'intégration économique des nouveaux membres de l'UE et la levée des obstacles douaniers aux importations textiles chinoises, notamment.

Emploi dérégulé chez les nouveaux Européens

Le BIT et la Commission européenne recensent, dans une enquête à paraître en France, les aggravations des conditions de travail chez les nouveaux membres de l'UE. La recherche de la croissance a conduit, dans les pays d'Europe centrale et orientale, à une explosion des horaires et de la flexibilité du travail.

Par exemple, en Pologne, les CDD courts sont passés de 4,5% des emplois de la grande distribution, en 1987 à 21% en 2003. Pire : pour «déstandardiser» la relation au travail, selon les auteurs, les employeurs demandent à leurs troupes d'abandonner le salariat pour prendre un statut d'indépendant. Résultats, des horaires qui peuvent monter à 56 heures hebdomadaires en Pologne et des retards de paiement de plus d'un mois pour 13% de ces indépendants, en Estonie.

70% des salariés polonais et 48,5% «seulement» des Slovaques ne touchent pas leurs heures supplémentaires. Les lois sur la sécurité sont très rarement respectées. Les accidents du travail ont augmenté de 50% en Estonie entre 1990 et 2000.

Auteur

  • Guillaume Le Nagard