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Etudiants et jeunes cadres pragmatiques

L'actualité | publié le : 07.06.2005 | Violette Queuniet

Les étudiants et les jeunes diplômés ont une vision pragmatique et individualiste de la responsabilité sociale. C'est l'enseignement d'une étude, présentée le 4 juin, lors du congrès de la CFDT Cadres à Nantes.

«Votre adjoint harcèle moralement un membre de votre équipe. Vous constatez que pour tenir les délais exigés par un client, les membres de votre équipe s'exposent à un risque majeur d'accident du travail. Vous avez la preuve que votre entreprise est à l'origine de la pollution d'une rivière voisine. Que faites-vous ? » Mis en situation de faire vivre la notion de responsabilité sociale, les 465 étudiants et jeunes cadres interrogés par l'école de commerce Audencia pour le compte de la CFDT Cadres*, ont apporté des réponses très différentes selon les situations. Alors que 50 % recherchent un compromis dans le cas de la situation de harcèlement moral, ils ne sont plus que 34 % à le faire dans celui du risque d'accident du travail (46 % ordonnant à leur équipe de ne pas s'exposer au risque), et sont 64 % à agir immédiatement en cas de pollution.

Mise en situation de management

« Ce qui frappe le plus, c'est le pragmatisme des jeunes interrogés : c'est la nature de la situation qui va guider la réponse. D'ailleurs, nous avons fait le choix de les mettre en situation de management plutôt que de rester dans un univers de représentation », commente Jean-Paul Bouchet, de la CFDT Cadres.

Autre enseignement : l'approche individualiste de la RSE. La réponse « j'alerte mes supérieurs, le DRH, les représentants du personnel... » est sous-représentée. Pas étonnant que 23 % des jeunes interrogés déclarent, avant tout, ne compter que sur eux-mêmes pour mieux se préparer à une pratique socialement responsable, avant de compter sur l'entreprise (17 %).

« J'agis moi-même »

« On est dans le «j'agis moi-même», sans faire forcément appel à d'autres instances. Cela traduit une méfiance vis-à-vis de la hiérarchie et des syndicats », souligne André Sobczak, qui dirige, à Audencia, le Centre pour la responsabilité globale, et a coordonné l'étude. D'ailleurs, placés en situation de « taire une pratique interne de corruption qui est amenée à perdurer », seuls 23 % s'en ouvrent à la hiérarchie, au DRH, aux syndicats ou à l'inspection du travail ; 53 % refusent... et 11 % démissionnent (13 % n'ont pas répondu).

Présentée lors du congrès de la CFDT Cadres, cette étude traduit la volonté du syndicat de se rapprocher du monde académique pour « sortir d'une forme de pensée unique du management, indique Jean-Paul Bouchet. Nous avons l'intime conviction que c'est dès la formation initiale qu'il faut travailler avec les futurs managers sur d'autres critères de décision que ceux des coûts. »

* Enquête menée entre le 14 mars et le 30 avril auprès de 600 étudiants et jeunes diplômés de 9 écoles et universités nantaises ; 46 % sont étudiants ; 46 % cadres depuis moins de six ans ; 8 % en recherche d'emploi.

Auteur

  • Violette Queuniet