logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les Pratiques

Chronopost incite ses salariés à s'exprimer

Les Pratiques | Point fort | publié le : 31.05.2005 |

Image

Chronopost incite ses salariés à s'exprimer

Crédit photo

Un accord sur le droit d'expression des salariés vient d'être signé chez Chronopost International. A l'aube d'une réorganisation importante du groupe, l'objectif est de renforcer le dialogue interne... et de garantir la paix sociale.

Le contexte était propice. En juin 2004, un accord sur le droit syndical avait déjà été signé avec les institutions représentatives du personnel. « La volonté du dialogue social existait. Aujourd'hui, il s'agit de l'étendre un peu plus, d'aller au-delà des seuls échanges avec les partenaires sociaux classiques », explique Jean-Marie Pellerin, responsable du département des relations sociales. Soit offrir aux 3 900 salariés de Chronopost International un droit, distinct du rôle des IRP, à l'expression directe et collective sur le contenu, les conditions d'exercice et d'organisation de leur travail. Un dispositif qui rappelle celui des lois Auroux de décembre 1982 sur le droit d'expression des salariés. Il est mis en place par un accord, signé le 17 février dernier, entre la direction de Chronopost International (groupe La Poste) et trois syndicats sur cinq, la CFE-CGC, la CFDT et FO.

Objectif de proximité

Concrètement, comment ce nouveau droit d'expression va-t-il se traduire ? « L'objectif est la proximité. C'est pourquoi les managers locaux sont investis d'un rôle important », répond le responsable RH. Ainsi, sur chacun des 60 sites du territoire, un responsable, un directeur ou un chef d'agence se voit confier une mission clé : assurer l'intermédiaire entre les collaborateurs de l'agence et le reste de l'entreprise, les représentants du personnel du site, mais aussi les délégués syndicaux, le comité d'entreprise et la direction. C'est à ce manager local que revient la tâche de constituer les groupes d'expression, et d'en choisir, selon des critères de représentativité, les participants. Tous les métiers sont conviés. Avec une condition expresse : ne pas dépasser 20 personnes, car, au-delà, il paraît difficile de garantir une réelle liberté d'expression. Dans ce même esprit, dans les antennes importantes, des sous-groupes seront créés, et le manager sera secondé dans sa mission d'animation par un ou plusieurs encadrants intermédiaires.

Pour aider les 250 managers à constituer ces groupes, un accompagnement spécifique est prévu. D'ici au 30 septembre, tous seront conviés à une formation d'une journée. Un module théorique leur permet de se familiariser avec le droit d'expression (lecture et interprétations des textes...), tandis que, dans un volet pratique, ils aborderont, au cours de jeux de rôles et d'ateliers, les fondamentaux de la conduite de réunion : apprentissage de l'écoute, assimilation de méthodes de communication...

Une boîte à idées

Puis, à partir d'octobre 2005, place aux réunions. Là encore, pour garantir les conditions d'une expression efficace, une obligation de régularité est instaurée. Pas question de laisser s'écouler plus de deux mois entre deux rendez-vous. L'accord prévoit même une «enveloppe» minimale de six heures par an par salarié, prises sur le temps de travail effectif, pour ces échanges. Si ce volume s'avérait insuffisant, des heures supplémentaires pourront être octroyées. Conditions d'exercice, organisation du travail, mais aussi contenu des tâches seront passés en revue dans les groupes d'expression. « Exit les éventuelles revendications. Ce n'est ni le lieu, ni le but », prévient Jean-Marie Pellerin. Il s'agit plutôt de suggérer des changements, de proposer des méthodes utiles à l'organisation du travail sur le site, mais aussi à l'ensemble de l'entreprise. « Une boîte à idées dans laquelle les autres sites ou services viendront piocher », résume le responsable des relations sociales. D'où la traduction écrite de ces avis et propositions dans une synthèse annuelle, disponible pour les responsables du personnel et les délégués du comité d'entreprise.

Repérer les inquiétudes

Faire remonter les idées : derrière ce voeu pieu, il s'agit également de repérer localement les inquiétudes, mais aussi de désamorcer les conflits qui pourraient germer avec la réorganisation de l'entreprise, prévue à l'échéance de janvier 2007. Les garde-fous sont déjà là : « Il appartient au manager local d'apporter, lors de la réunion suivante, une réponse aux questions posées », insiste Jean-Marie Pellerin. Pas de doute, pour Chronopost International, il s'agit surtout d'anticiper. FANNY GUINOCHET

L'essentiel

1 Chronopost International, filiale du groupe La Poste, a signé, le 17 février dernier, un accord instaurant un droit d'expression pour les salariés. Il s'agit, notamment, de désamorcer les conflits qui pourraient naître de la réorganisation de l'entreprise.

2 Prévue dans le cadre de groupes d'expression locaux, la mise en oeuvre de ce nouveau droit repose pour l'essentiel sur les épaules des 250 managers de proximité. D'ici au 30 septembre 2005, ils suivront une formation d'une journée à l'animation de ces réunions.

3 Les groupes, rassemblant un maximum de 20 salariés, commenceront à se réunir à partir d'octobre 2005.