E & C : L'Orse et l'IMS rassemblent une trentaine de grandes entreprises françaises autour d'un groupe de travail sur le reporting de leur ancrage territorial. Comment évaluent-elles l'impact local de leurs activités ?

N. S. : Le premier constat est que ce pilier de la RSE est encore peu défini. Il n'est pas simple d'avoir une stratégie mondiale et des politiques très locales, de multiplier les actions en fonction d'environnements très divers tout en conservant une démarche globale. Le sujet est vaste et l'enjeu est important, puisqu'il s'agit de la légitimité d'opérer de l'entreprise...

Nos réunions portent, ainsi, successivement, sur le dialogue avec les parties prenantes locales, le développement de l'économie des territoires, le développement social, les mutations économiques, la redistribution des revenus...

Parmi les groupes d'origine française avancés sur le sujet, figurent à la fois ceux qui ont des démarches sociales «historiques», comme Danone, avec sa Danone Way, et les groupes du secteur industriel lourd ou de l'énergie, comme Lafarge ou Areva, qui ont eu à mener depuis longtemps une réflexion sur l'impact territorial de leur activité.

E & C : Quel type d'indicateurs imagine-t-on pour mesurer le caractère «sociétal» d'une entreprise ?

N. S. : Dans ce domaine, il est compliqué de rechercher des indicateurs de résultats qui seraient utilisables partout.

D'autre part, si certains indicateurs sur les engagements vis-à-vis des communautés se trouvent dans les lignes directrices et les critères de la Global Reporting Initiative (GRI), initiée par l'ONU, c'est de façon très éparse. La GRI mentionne, par exemple, la redistribution des revenus aux populations, le maintien de l'employabilité, les droits de l'homme...

Le plus efficace, pour traduire l'effort d'une entreprise dans ce domaine, consiste sans doute à utiliser des indicateurs de process : elle peut mettre en oeuvre des indicateurs économiques autour d'une démarche de progrès sur un territoire. L'objectif est de parvenir à un rapport équilibré avec les communautés : une entreprise ne peut se contenter d'afficher un comportement de «prédateur» ou, à l'inverse, être l'unique moteur du développement économique et social du territoire, avec les conséquences qu'une telle situation peut engendrer en cas de départ.