L'évolution des modes de production appelle de nouveaux modes d'acquisition des savoirs et de construction des compétences. Aussi, trois organismes des Pays de la Loire - l'Agence régionale pour l'amélioration des conditions de travail (Aract), le Centre académique de formation continue (Cafoc) et l'Association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) - ont formalisé un modèle de formation en entreprise, dénommé «Formation/Organisation» (1), « qui part des problèmes concrets rencontrés par les collectifs de travail pour construire avec eux des solutions et les mettre en oeuvre avec une double finalité : développer les compétences et transformer l'organisation du travail », explique Bernard Devin, chargé de mission à l'Aract. Une démarche similaire à celle de Bertrand Schwartz, dans les années 80.

Depuis 2001, 60 intervenants de la région, formateurs et consultants, se sont formés à la méthodologie de cette approche assez complexe, car elle s'apparente à de la conduite de projet (il y a, par exemple, un groupe de pilotage). Certains l'ont déjà testée dans une quinzaine d'entreprises et les premiers retours d'expérience viennent d'être présentés. Un des aspects de la démarche Formation/Organisation est de travailler sur les dysfonctionnements.

Chez Vezin, une PME du bâtiment de 118 salariés, les ouvrages comportaient parfois des malfaçons entraînant des surcoûts pour refaire le travail, ainsi que des pénalités. Il fallait donc apporter les compétences nécessaires pour que le travail soit bien fait dès le départ. La formation, au lieu d'être organisée par la hiérarchie, a été coconstruite par les acteurs - direction et maçons. A l'aide d'outils tels que la méthodologie de résolution de problèmes, les maçons ont élaboré eux-mêmes les solutions et inventé un système d'auto-contrôle.

Deux intervenants de l'Afpa ont piloté cette démarche de « formation intégrée au travail » : une consultante pour la phase d'analyse et de diagnostic, puis un formateur (neuf jours d'analyse, quinze jours de formation étalés sur huit mois, pour un total de coûts pédagogiques de 14 500 euros, financés par l'Aref-BTP). Depuis, les résultats sont patents : les réparations pour malfaçons ont pratiquement disparu et l'organisation du travail a changé. Une nouvelle démarche de formation intégrée, financée par l'Aref-BTP a été mise en route.

« Nous souhaitons promouvoir cette démarche dans la région », indique Xavier Berton, directeur de l'Aract. Une cinquième session de formation de formateurs est en cours.

(1) Formation-organisation : une démarche pour construire une organisation apprenante, coll. Etudes et Documents, éd. Anact, 2004.