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Les salariés prêts à épargner davantage

L'actualité | L'événement | publié le : 24.05.2005 | Emmanuel Franck

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Les salariés prêts à épargner davantage

Crédit photo Emmanuel Franck

Selon le baromètre annuel du Club de l'épargne salariale, les entreprises et les salariés seraient prêts à un effort partagé pour constituer une épargne retraite. Mais peu de personnes connaissent les dispositifs existants.

Le Club de l'épargne salariale a présenté, le 23 mai, son baromètre annuel de l'épargne salariale, réalisé par Hewitt, J.P. Morgan et Natexis Interépargne, consacré, cette année, à l'épargne retraite. Deux ans après la réforme des retraites et la création de produits d'épargne longue durée, dont le Perco, ce baromètre, réalisé auprès d'entreprises et de salariés*, dresse deux constats. « La réforme est maintenant intégrée par les salariés et les entreprises », déclare Henri Alline, président du Club de l'épargne salariale. Mais le niveau d'information des salariés en matière d'épargne retraite est faible et suppose un «conseil individualisé».

Succès d'estime pour le Perco

Les entreprises semblent prêtes à assumer leurs responsabilités en matière d'épargne retraite : 80 % estiment qu'il est de leur rôle de proposer des dispositifs de retraite à leurs salariés. Non sans arrière-pensées : 87 % veulent « répondre à une attente des salariés » ; 74 %, « attirer et fidéliser les talents » ; 46 %, « répondre à une attente des partenaires sociaux » ; et 43 %, « maîtriser l'évolution des dépenses sociales par une coresponsabilité entreprise-salarié », en clair, ne pas augmenter les salaires. Malgré ces déclarations d'intention, le Perco, deux ans après sa création, ne remporte qu'un « fort succès d'estime » : 70 % des entreprises envisagent d'en mettre un en place, mais seules 15 % l'ont fait. « Les décrets d'application viennent seulement d'être publiés », justifie Henri Alline ; 70 % des entreprises se disent, en revanche, prêtes à faire un effort financier supplémentaire. Les auteurs du baromètre estiment qu'on se dirige « vers un effort d'épargne retraite supplémentaire de 8 %, partagé à 50-50 entre l'entreprise et le salarié ».

Les salariés auraient également pris conscience de l'enjeu que représente l'épargne pour leur future retraite. Ils seraient prêts à faire un effort d'épargne supplémentaire de « 7 à 8 % » de leur salaire dans un plan d'entreprise bloqué jusqu'à la retraite. Ce souci n'est pas seulement celui des seniors, car 24 % des salariés de moins de 35 ans ont déjà engagé une « démarche retraite ». Cela fait dire à Henri Alline que « malgré un contexte dans lequel les pressions sont fortes pour obtenir des augmentations de salaires, la réflexion sur l'épargne retraite poursuit son chemin dans les esprits ». Ce qui n'empêche pas les salariés de sous-estimer leurs besoins. Ils imaginent que leur taux de remplacement (retraite en pourcentage du dernier salaire net) sera de 63 %, et estiment qu'ils auraient besoin d'une retraite équivalant à 84 % de leur dernier salaire net. En réalité, le taux de remplacement est de 58 % pour un cadre et de 51 % pour un cadre supérieur.

Faible niveau d'information

Deuxième constat : « Le niveau d'information des salariés sur l'épargne retraite est faible », selon Henri Alline. Ainsi, 70 % des salariés ignorent la différence entre un Perp (épargne individuelle) et un Perco (épargne collective). D'où le besoin identifié d'un conseil personnalisé, au détriment de la formation collective. Les salariés sont, ainsi, 85 % à considérer qu'un bilan retraite individuel est une priorité, dans lequel « l'employeur a un rôle central à jouer », selon Henri Alline. Mais il faudra contourner deux écueils. La question du financement de cette information individualisée n'est pas réglée. Si 70 % des entreprises se déclarent prêtes à investir plus de 50 euros dans la formation de leurs salariés aux enjeux de la retraite, une majorité de ces derniers ne sont pas disposés à y investir un centime. Surtout, le baromètre laisse planer un doute sur la qualité des informations que les entreprises peuvent fournir aux salariés. Celles-ci affichent leur volonté de proposer des placements sécurisés ; 90 % estiment que « le contrôle des risques reste la priorité absolue dans notre contexte de marché très volatil et des affaires Enron et Worldcom ». Mais elles ne sont que 17 % à faire de la diversité des fonds proposés un critère déterminant dans le choix du prestataire. C'est pourtant la condition sine qua non pour sécuriser une retraite par capitalisation.

*Enquête réalisée fin 2004-début 2005, auprès de 2 500 salariés et d'une soixantaine d'entreprises.

Entretien avec Guy Cabessa : « Le projet de réforme de la participation est une mesure d'opportunité »

Guy Cabessa est directeur général de Natexis Interépargne et coréalisateur

du Baromètre de l'épargne salariale.

E & C : Que pensez-vous du projet gouvernemental, présenté le 23 mars, visant à supprimer le blocage sur cinq ans des sommes versées au titre de la participation ?

Guy Cabessa : Il s'agit d'une mesure d'opportunité. Le gouvernement cherche à insuffler du pouvoir d'achat aux ménages. Mais, comme il n'est pas en mesure d'influer directement sur les salaires du secteur privé, il utilise la participation comme variable d'ajustement. Cela pose la question de savoir si la participation est toujours une forme d'épargne salariale, ou un sursalaire. De plus, cette mesure brouille le message du gouvernement. D'un côté, il incite les salariés à préparer leur retraite et à épargner dans ce sens ; de l'autre, il les pousse à consommer toujours plus.

Cela est d'autant plus dommageable que les salariés sont de plus en plus sensibilisés à l'épargne retraite, ainsi que l'indique notre baromètre. Il faut rappeler aux salariés que, si la participation devient liquide, elle sera imposable. Il en résulterait une situation d'inégalité devant l'impôt entre les salariés disposant d'un revenu suffisant pour conserver leur épargne, ainsi défiscalisée, et les autres, qui seraient imposés.

En outre, ce changement permanent des règles du jeu décourage les entreprises qui ont une stratégie de long terme.

E & C : Votre message sera-t-il entendu par le gouvernement ?

G. C. : Nous serions favorables à un assouplissement des conditions de déblocage, par exemple, dès la naissance du deuxième, voire du premier enfant. Nous avons jusqu'à la fin du mois de juin pour faire valoir nos arguments. Ce projet ne fait pas l'unanimité chez les parlementaires de la majorité, dont certains restent attachés au principe gaullien de la participation. De plus, ni les entreprises ni les partenaires sociaux ne sont très favorables à cette mesure. Mais nous ne sommes pas dans un climat réceptif. Après Jean-Pierre Raffarin, Thierry Breton s'est également exprimé en faveur du projet.

Taux de remplacement additionnel pour une épargne de 8 % de sa rémunération annuelle

Durée d'épargne

Taux de remplacement

10 ans

6 %

20 ans

12 %

30 ans

20 %

40 ans

26 %

Auteur

  • Emmanuel Franck