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Un emploi «approprié et durable»

Enquête | publié le : 24.05.2005 |

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Un emploi «approprié et durable»

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Accompagnement individualisé et intensif, coût du reclassement variant en fonction des résultats... Telle est la méthode mise au point par Ingeus, un cabinet de reclassement australien chargé de réinsérer 6 000 chercheurs d'emploi français.

Mobilier design, bureau paysager, matériel informatique à la pointe : les locaux ressemblent à s'y méprendre à ceux d'un cabinet d'outplacement parisien. Mais nous sommes à Lille, chez Ingeus, une société privée australienne, chargée par l'Unedic de reclasser 6 000 demandeurs d'emploi, cadres et ouvriers, de 18 à 58 ans, présentant des risques de «sombrer» dans le chômage longue durée. L'accompagnement intervient à partir du troisième mois de recherche d'emploi, avant que le demandeur ne soit «installé» dans le chômage.

Expérience australienne

Pourquoi faire appel à une entreprise aussi lointaine ? Après avoir remis au travail plus de 30 000 personnes en Australie (le marché du placement y est totalement privatisé) et en Grande-Bretagne, où le cabinet dispose de plusieurs agences, Ingeus s'attaque au marché français.

Déjà, trois mois après son lancement, le 17 février dernier, les premiers résultats sont perceptibles : 147 personnes ont été reclassées, à Lille et à Rouen, parmi les 656 demandeurs d'emploi suivis. Ils ont décroché un emploi « approprié et durable », selon la définition du cabinet, ce qui englobe des CDI (environ un tiers des personnes reclassées), des CDD, des missions d'intérim, des contrats de professionnalisation, voire des CES (contrats emploi-solidarité).

La pérennité de l'emploi comme objectif

Pourquoi Ingeus peut-elle faire mieux que l'ANPE ? « Nous proposons un accompagnement individuel et intensif, indique Annick Chautard, responsable des opérations à Lille. Nous les suivons ensuite pendant sept mois dans l'emploi retrouvé. Nous visons la pérennité de l'emploi, mais ce terme n'interdit pas les missions courtes. Un CDD ou un contrat en intérim peut déboucher sur un CDI. Sinon, si le poste ne convient pas, la personne peut démissionner et se retrouver, in fine, dans la cohorte des chômeurs. Ce n'est pas notre intérêt. »

«Chercheurs d'emploi»

Dès leur premier entretien, les «chercheurs d'emploi» - terme plus dynamique que «demandeurs d'emploi» - signent un contrat rappelant leurs devoirs : rechercher «activement» un emploi. « Il faut être dans l'action comme les Anglo-Saxons », poursuit Annick Chautard, qui a suivi une formation de deux jours outre-Manche.

Carnet de «suivi»

Le candidat à l'emploi reçoit un carnet, sorte d'agenda, qui doit recenser l'ensemble des démarches engagées (contacts téléphoniques, prises de rendez-vous, entretiens...). Après trois rencontres avec son conseiller, il bâtit un plan d'action détaillant la stratégie de recherche : profil de poste visé, entreprises et secteurs d'activité à cibler, zone géographique souhaitée. Chaque semaine, il retrouve son conseiller. Parallèlement, différents ateliers sont organisés : rédaction de CV, simulation d'entretien... Le candidat dispose également d'un centre de ressources dans lequel il peut effectuer sa recherche.

Obligation de résultat

L'accompagnement dure dix mois maximum. En cas d'échec, le candidat est renvoyé aux services de l'ANPE. Mais Ingeus est pénalisé financièrement. Soumis à une obligation de résultat, le cabinet ne touche que 2 800 euros au moment de la prise en charge du chômeur.

Ce n'est qu'en cas de résultat positif qu'il perçoit 300 euros au moment de l'embauche, 600 euros treize semaines après et 600 euros sept mois plus tard. Le placement coûte alors 4 300 euros au régime d'assurance chômage, et même 6 000 euros pour une personne de plus de 50 ans.

Pour atteindre cet objectif, Ingeus a recruté un expert, Jean-Louis Tauzin, ex-directeur des Assedic de Haute-Normandie, entouré d'une équipe de douze conseillers (ils seront vingt en juillet prochain). Chaque consultant coache 50 demandeurs d'emploi. A l'ANPE, son homologue accompagne 250 à 300 personnes.

Pas de risque de sanction

Chez Ingeus, le consultant est également chargé de prospecter des entreprises pour dénicher des postes à pourvoir. « Lorsqu'un recruteur nous appelle pour un poste, nous nous engageons à répondre sous 48 heures », précise Annick Chautard.

Le succès sera-t-il à la hauteur des résultats obtenus en Australie et en Grande-Bretagne ? « Ici, contrairement à ce qui passe au Royaume-Uni, le candidat ne sera pas sanctionné s'il abandonne le programme. Il n'a aucun risque de perdre ses allocations chômage. Nous avertissons uniquement l'Assedic de l'abandon de telle ou telle personne. » A. B.

L'Apec et l'ANPE font du coaching pour les quinquas

Réduire la durée de recherche d'emploi des quinquas, telle est la mission confiée par l'Unedic à l'Apec et à l'ANPE.

L'Unedic a confié à l'ANPE et à l'Apec le reclassement de 604 cadres, toutes fonctions confondues, âgés de plus de 45 ans, nouvellement inscrits. L'idée étant de les accompagner pendant six mois sur deux sites pilotes, l'Alsace et les Hauts-de-Seine. Objectif ? « Essayer de rompre avec la discrimination dont sont victimes des quinquas face à l'emploi », selon l'Association pour l'emploi des cadres. De fait, les difficultés sont importantes. Un récent testing, réalisé par le professeur Jean-François Amadieu et Adia, démontre qu'un quinquagénaire a cinq fois moins de chances que la moyenne des candidats de retrouver un emploi.

Dès son premier entretien, le candidat à l'emploi signe une charte prévoyant ses obligations, à savoir la recherche active d'un emploi. Il définit également un calendrier de ses actions. Chaque consultant consacre 180 heures à l'accompagnement des demandeurs d'emploi : analyse des différentes démarches et élaboration du programme à venir. Il prospecte des postes en entreprise et peut aussi intervenir comme médiateur auprès d'un recruteur pour «vanter», par exemple, les atouts d'un senior.

Démarrée le 1er mars dernier, l'opération de reclassement dure neuf mois, suivie d'une période d'accompagnement de six mois dans l'emploi retrouvé. Les premiers résultats devraient être connus en juin. Douze consultants des deux organismes publics sont totalement dédiés à cette expérience.