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Les considérations financières risquent de prendre le dessus

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 24.05.2005 | A. B.

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Les considérations financières risquent de prendre le dessus

Crédit photo A. B.

E & C : Cinq opérations de reclassement ont été confiées à des sociétés privées. Les syndicats dénoncent le risque d'une sélection des chômeurs. Qu'en pensez-vous ?

Y. F. : La crainte est celle d'une prédominance des considérations financières. Dans l'expérience Ingeus, il semble que le critère déterminant pour la sélection des chômeurs confiés à ce cabinet ait été la durée des droits à indemnisation. Les individus retenus ne sont pas les chômeurs en fin de droits, qui ont pourtant le plus besoin d'accompagnement, mais des personnes au chômage depuis peu, dont les perspectives d'indemnisation sont encore longues et qui peuvent donc coûter cher à l'Unedic. En outre, le mode de rémunération de ces cabinets les conduise à préparer les chômeurs à «prendre un emploi demain», au détriment, par exemple, d'une formation qui pourrait consolider leur parcours à long terme.

E & C : Quel sera, selon vous, l'enjeu de la prochaine négociation Unedic, qui débutera à l'automne ?

C. T. : Les négociations devraient se focaliser sur le Pare pour en améliorer l'efficacité. La question d'une réorientation du dispositif ne manquera pas d'être évoquée pour renforcer le ciblage des prestations et l'accompagnement sur les publics les plus en difficulté. C'est, bien sûr, la persistance d'un chômage de masse qui impose un tel recentrage. Le renforcement du contrôle des chômeurs devrait également faire partie des discussions.

E & C : Les sociétés de travail temporaire arrivent sur le marché du placement avec de nouvelles pratiques, souvent opposées à celles des cabinets regroupés au sein du Syntec-Recrutement. Faut-il s'en inquiéter ?

Y. F. : Les grands cabinets anglo-saxons ont déjà introduit en France de telles pratiques d'«industrialisation» des processus de recrutement et de paiement au résultat. C'est ce marché que les sociétés de travail temporaire vont chercher à développer, en partant des catégories qu'elles connaissent et en remontant progressivement vers le middle management. Un des risques est le renforcement de la sélection «presse-bouton» sur des critères formels, qui peut fragiliser certaines populations.

C. T. : Avec la fin du monopole, l'ANPE va pouvoir confier aux ETT des offres d'emploi qu'elles auront à satisfaire. L'autre question est de savoir si les ETT auront le droit de gérer, pour le compte de l'Etat, les offres d'emploi dédiées aux publics en difficulté (contrats aidés). Si tel était le cas, on éviterait alors le risque d'un service de l'emploi à deux vitesses.

* Institut de recherches économiques et sociales.

Auteur

  • A. B.