Entre les salariés, chez qui règne un sentiment tenace d'insécurité face à l'emploi, et les entreprises, qui réclament toujours plus de flexibilité, semble bien exister un dialogue de sourds. En toute rigueur, il convient cependant de distinguer l'instabilité de l'emploi caractérisée par le fait de perdre son emploi et l'insécurité de l'emploi caractérisée par le fait de rester durablement au chômage.

Le rapport du Conseil emploi, revenus, cohésion sociale (Cerc), sur ce double thème, analyse les différents modes de gestion de l'emploi par l'entreprise face aux contraintes économiques en fonction des différentes catégories de salariés. Au-delà du rapport, quatre chapitres approfondissent le versant diagnostic de l'instabilité et de l'insécurité d'emploi tandis que trois autres sont consacrés aux dimensions complémentaires que sont les règles de la protection sociale, l'indemnisation et la formation.

L'objectif du rapport est de déterminer si la flexibilité requise par les entreprises et la sécurité à laquelle aspirent les salariés sont antagonistes, ou s'il est possible de trouver des voies pour accroître l'une et l'autre. Quel sens, au final, donner au néologisme «flexicurité», récemment apparu pour désigner les directives européennes en faveur des formes d'emploi permettant de conjuguer souplesse pour le salarié et pour l'employeur, avec de nouveaux droits sociaux et, surtout, une meilleure employabilité ? La quadrature du cercle, en somme, puisqu'il ne s'agit rien moins que de faire jouer le mouvement, l'instabilité, dans le sens de la sécurité.