logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Demain

Franchouilleries diverses

Demain | Chronique | publié le : 24.05.2005 | De P.-L. Chantereau

Image

Franchouilleries diverses

Crédit photo De P.-L. Chantereau

Chassez le béret et la baguette, ils reviennent au galop... Mon interlocuteur est un baroudeur de longue date, dont la carrière s'est déroulée sur tous les continents. Français de culture, attaché à son terroir, il a pourtant réussi à faire travailler des équipes de toutes les cultures, maîtrisé les sabirs locaux les plus obscurs, réconcilié dans ses équipes les antagonismes les plus historiques. Son expérience vaut de l'or. Et c'est pour cela qu'on lui a confié les manettes de la réorganisation en Europe de tout un groupe industriel.

Impressionnant.

L'homme est habile et très investi. Et c'est tant mieux. Parce que, sans faire de la parano hâtive, on finirait par voir des Chinois partout. On les voit déjà dans les marges, qui fondent à vue d'oeil. On les voit chez les clients qui s'excusent, mais bon, à moins 30 %, il faut nous comprendre. On comprend, mais on n'apprécie pas. Il faut tout bousculer. Et en urgence. Question de survie face au tsunami des containers qui arrivent en Europe bourrés jusqu'à la gueule de produits directement concurrents, avec un niveau de qualité bien suffisant pour les clients.

Bref, mobilisation générale. Le plan de sauvegarde des usines prévoit à la fois des concentrations, des transferts dans d'autres régions, des fusions de sociétés dans le groupe, des refontes complètes du process de travail. Un énorme chantier. A conduire au pas de charge. Et pas une seule suppression d'emploi, c'est à noter. « Pas une seule ?», ont demandé les syndicats ? Pas une seule. Promis juré, on l'inscrit dans le protocole et on signe. En avant.

« En avant toute, c'est ce qu'on dit. Mais en réalité, impossible d'avancer à la vitesse requise ! Je lutte contre tous nos défauts en même temps. On se croirait dans un mauvais film. J'ai beau connaître nos handicaps et en tenir compte dans la manoeuvre, je suis chaque fois surpris des montagnes qu'il faut déplacer ! »

Les exemples les plus frappants ?

« Trois obstacles dont j'avais perdu le souvenir : premièrement, les langues ; travailler en équipe au niveau européen avec des gens qui parlent un anglais de classe primaire, c'est long, frustrant, inefficace. Deuxièmement, monter des dossiers alambiqués pour expliquer aux différentes administrations des questions économiques qui ne les intéressent que moyennement et qui ne répondent jamais aux dix mille décrets et circulaires complexes qui encadrent nos métiers, c'est épuisant. Et pendant ce temps, nos clients s'enfuient. Troisièmement, bouger un seul cadre ou technicien pour accompagner le transfert de nos process sur nos nouveaux sites relève de la gageure. On les croirait attachés à leur lopin de terre comme un coquillage à son rocher ! »

Bon, eh bien voilà trois beaux sujets dans cette période de réflexion sur l'Europe : mieux maîtriser les langues, assouplir et éclaircir nos textes administratifs, et motiver davantage pour des déplacements géographiques.

On commence tout de suite ?

Pierre-Loïc Chantereau <www.groupe-equation.com>

Auteur

  • De P.-L. Chantereau