Après l'euphorie des années 2000, le marché des job boards généralistes a atteint l'âge de raison. Plus question de s'éparpiller, les quelques survivants progressent dans la continuité. Et cela marche plutôt bien.

Monster en sait quelque chose. Champion toutes catégories du marché mondial, ce job board américain s'enorgueillit de la publication mensuelle de quelque 22 000 offres d'emploi, de 3 millions de visites par mois et de 1,7 million de CV dans sa base. « Aujourd'hui, nous occupons, depuis le rachat d'Emailjob, en février dernier, 43 % du marché du recrutement en ligne », annonce Patrick Pedersen, directeur des opérations de Monster France, qui vise la barre des 50 %. Ses signes distinctifs ? La notoriété de sa marque et la force de son réseau. Monster est, ainsi, présent dans 26 pays, ce qui fait de lui l'interlocuteur incontournable pour les recrutements d'envergure internationale.

Même satisfaction chez Cadremploi. « Notre audience progresse, chaque année, de 30 %, signale Thibaut Gemignani, directeur général. Elle est de l'ordre, aujourd'hui, de 80 000 visites quotidiennes. » En 2004, ce site, lancé à l'initiative d'une cinquantaine de cabinets de recrutement, enregistrait un chiffre d'affaires de 9,3 millions d'euros, en progression de plus de 7 %. « Depuis le début, nous nous sommes spécialisés dans le sourcing. Au fur et à mesure, nous avons travaillé sur le moteur de recherche pour un meilleur ciblage des CV. C'est une de nos spécificités. » Ainsi, la fonction commerciale, par exemple, se découpe en 12 sous-secteurs.

Keljob, qui soufflera ses cinq bougies en juillet, garde également le cap. « Notre simplicité d'origine est toujours la règle », explique Cyril Janin, cofondateur et président du directoire de ce métamoteur au carrefour de 51 000 offres, émanant, en grande majorité, des sites d'entreprise.

Regionsjob n'a, lui non plus, pas failli à son credo initial : prendre le contre-pied des sites généralistes, tournés vers une offre parisienne et haut de gamme. « Nous avons démarré modestement dans l'ouest de la France. Aujourd'hui, nous comptons six sites régionaux et couvrons l'ensemble du territoire, excepté la région parisienne », décrit Guillaume Semblat, cofondateur de ce site en croissance de 80 % entre 2003 et 2004.

Si les job boards restent donc attachés à leur business model d'origine, ils l'enrichissent. Ainsi, Cadresonline, très attaché à la valeur ajoutée que lui confère son contenu éditorial (ce site a été créé par des titres de presse du groupe Havas), n'en a pas moins élargi son offre. « Nous étions le relais des petites annonces presse. Aujourd'hui, celles-ci n'occupent que 45 % des 8 000 annonces en ligne, depuis que nous nous sommes ouverts aux offres purement web, explique Valérie Vaillant, directrice marketing et commercial. Par ailleurs, depuis 2002, nous proposons de doubler la diffusion d'une offre sur Cadresonline et sur l'un de nos 11 sites spécialisés partenaires. Enfin, en 2004, nous avons créé une CVthèque et un espace blog emploi pour les candidats en recherche d'emploi. »

C'est également en 2004 que Keljob a choisi de prolonger son offre, lui aussi, d'une CVthèque et d'un outil de traitement de candidatures pour les entreprises. Depuis le 12 avril dernier, la nouveauté, pour les candidats, concerne la mise en ligne d'un bouquet de services pour la gestion de leur carrière.

Cadremploi, qui en est à sa quatrième version, souhaite, quant à lui, se distinguer par une plus grande sophistication de la communication RH de ses annonceurs, mais aussi par un contenu rédactionnel enrichi et réactualisé. « On ne veut plus n'être qu'une base de CV, mais une source d'informations. Pour cela, nous travaillons avec près de 600 cabinets de recrutement, sans compter nos actionnaires. Parmi eux, 13 agences de communication RH », souligne Thibaut Gemignani ; 300 000 internautes sont, ainsi, abonnés à sa newsletter, dont 15 000 professionnels RH.

Enfin, Monster gagne du terrain avec Monster Office HR, son outil complet de publication d'offres, recherche de CV et gestion de candidatures, proposé gratuitement aux recruteurs, et la vente de labels privés dont le chiffre d'affaires a été multiplié par deux l'année dernière. Reste l'emploi des salariés handicapés, créneau sur lequel s'est positionné ce job board, hérité d'Emailjob, qui avait signé, en 2000, un partenariat avec l'Adapt, réseau d'accompagnement vers l'emploi des personnes handicapées. C. L.