E & C : Le cabinet ISR, spécialisé dans la recherche et le conseil en stratégie des ressources humaines, a publié, le 12 avril dernier, une enquête sur la rumeur en entreprise, réalisée auprès de 7 583 salariés en France et plus de 40 000 en Europe. Quels sont les principaux résultats ?

J. M. : Cette enquête révèle que plus des deux tiers des salariés français déclarent apprendre les problématiques relatives à leur société par la rumeur, et ce, avant même que leur direction ne les en informe. Ce taux, équivalent de celui de la Grande-Bretagne, est le plus important enregistré dans les pays d'Europe (62 % aux Pays-Bas, 61 % en Allemagne, 55 % en Suède et 41 % au Danemark). En cinq ans, le pourcentage des salariés français qui apprennent des informations importantes par la rumeur a augmenté de 8 points.

E & C : Quels sont les enseignements à en tirer pour les responsables d'entreprise ?

J. M. : Avec les nouvelles technologies, et en particulier les mails, la communication s'est déshumanisée. De fait, la place est laissée aux communications alternatives. Les modèles d'organisation d'aujourd'hui, très segmentés, avec une notion de hiérarchie très présente, ne facilitent plus les contacts directs avec les salariés. Ce qui est préjudiciable. D'un point de vue managérial, tout d'abord - les salariés se sentent exclus des prises de décision et sont moins enclins à faire des efforts supplémentaires pour contribuer au succès de leur entreprise -, et, ensuite, du point de vue de la performance de l'entreprise, notamment boursière. Ainsi, sur les 57 multinationales étudiées depuis ces deux dernières années, nous avons noté que dans celles où un nombre élevé de salariés affirment être tenus informés, les actions ont augmenté, en moyenne, de 7,80 dollars. En revanche, dans celles où un faible nombre de salariés affirment être tenus informés, les actions ont baissé, en moyenne, de 8,10 dollars.