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Primevère aujourd'hui, cactus demain ?

Demain | Chronique | publié le : 19.04.2005 | De P.-L. Chantereau

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Primevère aujourd'hui, cactus demain ?

Crédit photo De P.-L. Chantereau

Printemps bizarre chez le client. Contrasté.

Le premier interlocuteur se réjouit en même temps de la météo et de l'ambiance dans son équipe. Réjouissons-nous avec lui.

« On passe de bons moments. On croirait presque qu'il y a un rapport direct entre le moral des troupes et le niveau d'ensoleillement. C'est le printemps des ventes, en quelque sorte. Et pourtant, dans nos métiers des matériaux lourds, il n'y a jamais aucun rapport entre le climat et les ventes. Je veux dire, le climat qu'il fait dehors, bien sûr. »

On avait compris.

« Je finis par croire, poursuit-il, que nous sommes restés des animaux tellement primaires que les relations dans notre équipe et avec les autres équipes restent conditionnées par des choses aussi archaïques que le temps qu'il fait. C'est dingue, non ? Pas plus évolués que les plus primitives des tribus, voilà ce que nous sommes. »

Peut-être. Poursuivons nos entretiens. Second interlocuteur, à qui je raconte ce que je viens d'entendre.

« Facile à dire pour lui. Son équipe surfe sur la vague des ventes mondiales qui sont tirées par l'Asie. Rien à voir avec la météo. Le carnet de commandes plein, moi aussi je sifflote. Mais, dans mon équipe, pas de chance, on a tiré le mauvais numéro. Les ventes régressent. Le prix des composants est à la hausse et nos marges fondent. Si on veut dire que c'est au printemps que les marges fondent en même temps que la neige, alors oui, nous aussi, nous sommes météo-dépendants ! Mais, pour nous, c'est moins drôle. Et ce n'est pas le soleil qui va nous redonner le moral ! »

Allons bon. Lui aussi a peut-être raison. Deux points de vue bien opposés. Tentons une troisième approche. Je rencontre le patron direct de Jean qui rit et de Jean qui pleure.

« Tout ce qu'on vous a dit est exact. J'ai des équipes qui ont tiré le bon numéro. D'autres sont dans des galères pas croyables. Il n'est pas étonnant que l'ambiance dans les équipes s'en ressente immédiatement. Printemps ou non. Soleil ou pas. C'est comme ça. Que voulez-vous que j'y fasse ? »

Alors là, Ponce Pilate, excusez-moi de ne pas être d'accord. Pas d'accord du tout, même.

J'ignore le niveau de responsabilité de ces équipes dans le sort qu'elles affrontent, mais je sais une chose : on ne peut pas laisser se créer dans la même entreprise, et, en l'espèce, dans le même site industriel, des différences de climat de cette importance. Le succès des uns doit servir le moral des autres, sinon, ce n'est plus une entreprise, c'est un vague conglomérat d'opérateurs disparates. Et on le paie un jour.

Un jour d'automne, bien sûr.

Pierre-Loïc Chantereau <www.groupe-equation.com>

Auteur

  • De P.-L. Chantereau