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Les Pratiques

Soutenir psychologiquement les jeunes recrues

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 12.04.2005 | V. V.-L.

Un réseau émerge à Lyon pour prévenir la dépression, voire le suicide, des jeunes diplômés ne supportant pas la «violence» de la vie professionnelle.

Al'initiative du centre Jean-Bergeret, chef de file du collectif rhodanien des associations de prévention du suicide, un réseau inédit est actuellement en gestation à Lyon. Sa finalité ? Prévenir le suicide et les cas de dépression chez les jeunes diplômés. De manière informelle, ce réseau associe aussi le Pôle universitaire lyonnais (Pul) et l'école d'ingénieurs Centrale Lyon. « Nous repérons des difficultés lors des premières années de vie professionnelle, explique Marie-Hélène Bussac-Garat, psychologue au centre Jean-Bergeret. Face à la compétition, à l'éventualité d'être «jetés» à tout moment, à la nécessité de s'adapter sans cesse, certains ne disposent pas d'une base affective suffisante pour y faire face. »

Un sujet tabou

Chargée de mission au Pul, Yvana Terrat estime que « le sujet reste tabou, alors que tous les établissements ont été confrontés à des dépressions d'étudiants en fin de cycle ». « Nous aidons les élèves à préparer leur projet personnel et professionnel beaucoup plus qu'il y a dix ans. Ils ont, la première année de vie active, une pression psychologique maximale : quantité de travail, nécessité de se plier à une culture d'entreprise, dureté des relations interpersonnelles... Il est certain qu'il y a une intensification de la violence institutionnelle », affirme, de son côté, Sylvie Roussillon, professeur de développement personnel à EM Lyon, qui assure cependant ne pas avoir été confrontée à des cas de dépression parmi ses étudiants.

Trois niveaux de coaching

D'autres vont plus loin. Ainsi, depuis un an, Centrale Lyon a confié une mission à Hélène Mathieu, coach à l'Education nationale*. « Il s'agit d'entretiens en tête-à-tête, explique-t-elle. Le premier niveau, intitulé «performance», s'adresse à des étudiants qui ont besoin d'un soutien pour mieux s'organiser, pour s'entraîner à la confrontation... Le second est le «coaching évolution» : il concerne ceux pour qui s'ajoutent un manque d'estime de soi, une trop grande timidité, un isolement relationnel ayant des répercussions sur les études. »

Quant aux étudiants qui ont besoin du troisième niveau, le «coaching ressources», ils ont « un grand manque affectif, un besoin de relations de personne à personne. Un garçon qui cherche l'image d'un père, par exemple, risque de se faire manipuler par ses supérieurs hiérarchiques qui sentiront qu'il a besoin de reconnaissance », précise la coach. Si le projet professionnel reste en ligne de mire, Hélène Mathieu plaide pour que les étudiants soient considérés dans leur globalité. Et n'hésite pas à suivre ses «coachés» après leur entrée en poste. « C'est dans l'intérêt de la personne comme dans celui de l'entreprise, car, ainsi soutenus, les juniors ne dépriment pas et sont plus performants. »

* Auteur de La réussite scolaire, éd. Solar.

Auteur

  • V. V.-L.