Depuis un peu plus d'un mois, elles sont au volant de leur autobus. Elles, ce sont quatorze conductrices, âgées de 45 à 57 ans, de la Société lyonnaise de transport en commun (SLTC). « Avec notre plan de départs en préretraite, la mobilité interne et les extensions du réseau, nous cherchons régulièrement des conducteurs, explique Corinne Seemann, responsable recrutement, emploi et formation. Ce métier, souvent dévalorisé, attire peu les femmes. Pourtant, nous souhaitons développer la parité. » C'est pourquoi, l'été dernier, elle a rencontré les représentants du Service public de l'emploi et de la délégation aux Droits des femmes, afin de monter une opération spécifique.

L'Assedic a proposé de cibler les femmes de plus de 45 ans, fortement touchées par le chômage. « Cela nous convenait, car, dans un réseau urbain comme celui de Lyon, il faut avoir une bonne maturité, afin de pouvoir gérer toutes les situations, telles que les incivilités. Ces femmes ont pu l'acquérir par leur expérience professionnelle, mais aussi par celle de mère de famille », estime la responsable du recrutement.

Sur 1 500 personnes sollicitées, 230 ont assisté, en septembre, à une réunion d'information, et 109 ont retourné un dossier de candidature. « La sélection, classique, a porté sur la capacité à réussir le permis D (maîtrise du français, psychomotricité...), sur la validation de la motivation et de la vision du poste, explique Corinne Seemann. Nous avons ajouté un test de conduite automobile. » Quatorze ont ainsi été sélectionnées, ex-secrétaires, commerçantes, ouvrières ou techniciennes. « Par rapport à nos candidats habituels, toutes ont une excellente présentation et une forte volonté de réussir », remarque Corinne Seemann.

Elles ont commencé leur parcours d'intégration, en novembre, par une formation auprès de l'AFT-Iftim, organisme de la branche transport, où elles ont préparé, en trois mois, le titre professionnel 138 (conducteur routier, option transport de voyageurs). Toutes l'ont obtenu. Depuis début mars, et pour neuf mois, elles alternent trois semaines de conduite, avec les mêmes roulements de poste que les autres salariés, et une semaine en formation au centre interne Kéolis. Toutes ont un tuteur, conducteur expérimenté, volontaire et formé à ce rôle.

Fin 2005, si elles obtiennent leur diplôme - le TP 2000 (agent commercial et de conduite) -, elles pourront être embauchées en CDI. Evelyne Grosjean, déléguée de la promotion, 55 ans, avoue qu'elle a « sauté sur l'occasion » de se reconvertir et de « pouvoir travailler jusqu'à 65 ans ».