Un immense hall à la peinture encore brillante, dont une partie est occupée par les lignes de montage : l'usine Avtoframos (pour Automobile France Moscou), bâtie par Renault aux portes de la capitale russe, commence à produire les Logan qui seront commercialisées à partir de la fin de l'été. Cette unité moscovite, que Louis Schweitzer, Pdg de Renault pour quelques semaines encore, a inaugurée, le 5 avril, atteindra un volume de production de 60 000 unités annuelles, destinées au seul marché local. De 850 personnes, dont 540 en production, Avtoframos ambitionne de passer à un millier cette année, et à 2 000 fin 2006.

Cette usine russe, très peu robotisée, est une pierre angulaire de la stratégie Renault de voitures bon marché pour les pays émergents. Courant 2005, la Logan, jusqu'ici fabriquée sous la marque Dacia en Roumanie, sera produite aussi au Maroc et en Colombie, puis en Iran, en 2006, et en Inde, en 2007. Une internationalisa-tion qui implique aussi la GRH, « pour s'insérer dans un contexte national et particulier, en respectant des standards propres à Renault », résume Michel de Virville, secrétaire général et directeur des RH du groupe. En l'occurrence, les managers de l'usine disposent du système de production Renault (SPR) qui définit l'organisation du travail et les modes de production... Le recrutement des futurs opérateurs est donc conforme aux standards habituels du groupe : école de dextérité, permettant d'évaluer l'habileté manuelle du candidat, apprentissage statique du poste, puis dynamique (sur une ligne en fonctionnement). Les salaires correspondent au niveau du marché local, à 11 000 roubles pour un opérateur débutant, soit 300 euros environ.

Depuis deux ans, Renault recrutait déjà les encadrants, notamment les responsables d'unité élémentaire de travail (UET, groupe d'opérateurs polyvalents, chargés d'une tâche complexe), autre brique du SPR. Ces encadrants ont suivi cinq mois de formation, dont deux chez Dacia en Roumanie, et côtoyé les experts métiers du groupe, en mission à Moscou. L'usine est opérationnelle, mais les tâches de la DRH ne s'arrêtent pas là, dans un environnement juridique mouvant et spécifique. Par exemple, une instance représentative des salariés a été créée.

Mais, pour l'heure, l'enjeu est le turn-over et l'attractivité. « Le chômage est quasi-inexistant à Moscou : il faut savoir fidéliser », indique Françoise Desfarges, la DRH d'Avtoframos. Pour cela, Renault dispose de son statut d'entreprise internationale et fait valoir des possibilités de promotion. Alexandre, Moscovite de 25 ans, employé aux méthodes, et qui a quitté Zil automobile pour Avtoframos il y a deux ans, se dit en effet séduit par les possibilités de carrière, « mais aussi par le degré d'exigence plus élevé » de son nouvel employeur.