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Des PME peu tentées d'embaucher des jeunes en alternance

Dossier | publié le : 05.04.2005 | L. G.

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Des PME peu tentées d'embaucher des jeunes en alternance

Crédit photo L. G.

Mauvais augure pour les nouveaux contrats de professionnalisation à destination des jeunes de moins de 26 ans : les intentions d'embauche des PME pour les six mois à venir sont peu engageantes, selon l'Agefos-PME. Elles privilégient les salariés expérimentés en CDI.

Un maintien des effectifs plutôt que des embauches

Les PME, traditionnellement grandes consommatrices de contrats de formation par alternance pour les jeunes de moins de 26 ans privilégient désormais le maintien des effectifs.

Selon le sondage Agefos-PME Perspectives 2005, 80 % des TPE de 1 à 9 salariés et 66 % des PME de 10 à 499 salariés privilégient le maintien des effectifs en l'état et non l'embauche de personnel. Pire : cette tendance se confirme depuis plusieurs années. 69 % des TPE préféraient la stabilisation des effectifs dès 2002, et 48 % des PME adoptaient la même analyse en 2000 ! « Les projets de recrutement des TPE augmentent pour les six mois à venir, mais sans pour autant atteindre le niveau de 2002, et seules 25 % de celles de plus de 10 salariés pensent aujourd'hui embaucher. Les entreprises de 20 à 49 salariés et celles de 200 à 499 personnes sont un peu plus dynamiques, même si elles ne sont plus que 30 % à avoir l'intention de recruter, contre 40 % l'an dernier », commente l'Opca.

A l'inverse de 2003, les emplois seront, cette année, surtout créés par le secteur de la construction et, dans une moindre mesure, par celui des services ; 31 % des dirigeants de la construction pensent d'ailleurs recruter au cours des six mois à venir. D'une manière générale, le maintien, voire la progression de l'activité de ce secteur, continuera à créer des emplois en 2005.

S'il est moins générateur d'emplois, le secteur des services reste toutefois dynamique, mais à un niveau inférieur à celui de l'an passé, avec 22 % d'intentions d'embauche contre 35 % en 2003.

En fait, analyse l'Agefos-PME, « malgré la forte croissance de l'activité enregistrée depuis le milieu de l'année 2003, la reprise espérée de l'embauche n'a pas eu lieu. Au niveau national, l'emploi a même baissé de 0,5 % sur 2003 et s'est stabilisé au premier semestre 2004 ».

Point néanmoins positif : ces TPE et PME sont également moins nombreuses que les années précédentes à envisager une réduction du nombre de leurs salariés. Mais cela n'est pas de nature à faire les choux gras du contrat de professionnalisation.

Des salariés expérimentés plutôt que des débutants

Sans hésitation, l'embauche dans les PME, quand embauche il y a, favorisera celle des salariés expérimentés, au détriment des jeunes débutants susceptibles d'utiliser le contrat de professionnalisation. « 71 % des PME de plus de 10 salariés favoriseront, cette année, les salariés expérimentés de plus de 26 ans, contre 50 % l'an passé », annonce l'étude.

« Une situation révélatrice du glissement qui s'opère vers des recrutements de publics immédiatement opérationnels, commente l'Opca. L'année dernière, les intentions d'embauche semblaient s'être rééquilibrées entre les salariés de moins de 26 ans (45 %) et les plus de 26 ans (50 %). L'analyse sur plusieurs années montre que cette préférence pour les salariés de plus de 26 ans est de plus en plus ancrée dans les pratiques de recrutement. » En effet, seules 15 % des PME de 10 à 499 personnes penchaient pour l'embauche de candidats expérimentés en 2001 !

L'Opca interprofessionnel tente cependant d'être rassurant en affirmant que « les PME de 20 à 49 salariés sont les plus favorables, ou peut- être les moins réticentes, à l'embauche de salariés nouvellement sortis du système scolaire ou bénéficiant de peu d'expérience professionnelle, ces deux catégories étant composées des jeunes de moins de 26 ans ».

Le CDI plutôt que le contrat de professionnalisation

Quitte à faire une embauche, autant qu'elle soit ferme et définitive ! C'est ainsi qu'avec plus de 90 % des intentions d'embauche, le CDI est la modalité de recrutement privilégiée, loin devant le CDD, le contrat de professionnalisation et le contrat d'apprentissage. « Les intentions de recrutement en CDI dans les entreprises de plus de 10 salariés ont considérablement augmenté par rapport à l'an dernier, quel que soit l'âge des salariés », analyse l'Agefos-PME. Même pour les moins de 26 ans, susceptibles d'utiliser le contrat de professionnalisation, les intentions d'embauche en CDI ont, elles aussi, beaucoup augmenté : de 74 % en 2003, le taux est passé, aujourd'hui, à 91 %.

Les recrutements s'orientent surtout vers des ouvriers qualifiés, catégorie qui représente un peu plus de 21 % des intentions d'embauche. « Un constat logique, puisque le secteur de la construction est l'un des principaux créateurs d'emplois pour les six mois à venir », commente l'Opca. Les techniciens et agents de maîtrise constituent la seconde catégorie privilégiée par les dirigeants et les DRH dans leurs intentions d'embauche, et ce, quel que soit l'âge du salarié (entre 36 % et 37 % des intentions).

Un bon point, cependant, pour le contrat de professionnalisation : le recrutement au titre d'ouvrier et d'employé non qualifié devrait concerner davantage les salariés de moins de 26 ans (32 %) que ceux de plus de 26 ans (23 %), assure l'Agefos-PME. Autant de personnes qui pourraient être intéressées par le contrat de professionnalisation.

Le contrat de professionnalisation est encore moins connu que le DIF

Le DIF, star médiatique de la réforme ? Oui. En revanche, le contrat de professionnalisation, qui a pris la suite des contrats de qualification, d'orientation et d'adaptation, est encore très méconnu. Seulement 22 % des PME interrogées lors d'une enquête de l'Agefos-PME le connaissent et sa notoriété est fortement liée à la taille de l'entreprise. Les PME de plus de 50 salariés sont les mieux informées du remplacement des anciens contrats en alternance par ces contrats : 77 % des PME de 50 à 199 salariés et 82 % de celles de plus de 200 salariés ont, ainsi, eu connaissance du contrat de professionnalisation. En revanche, ces taux passent à 29 % pour les entreprises de 10 à 19 salariés et se limitent à 16 % pour les TPE.

Ces écarts importants sont d'autant plus surprenants que les plus petites PME, entreprises traditionnellement utilisatrices de contrats de qualification, sont, ici, celles qui connaissent le moins bien son dispositif, alors qu'il s'inscrit pourtant parfaitement dans la continuité de l'alternance.

Malgré la faible notoriété du contrat de professionnalisation dans les petites structures, les TPE et les plus petites PME sont, une fois informées, les plus favorables à ce dispositif (37 %).

Dans l'ensemble, pour 36 % des PME, ce nouveau contrat est plus attrayant que les anciens contrats en alternance ; 18 % des intentions de recrutement des PME de plus de 10 salariés le concernent pour les moins de 26 ans, taux qui passe à 16 % pour les plus de 26 ans.

Leur secteur d'activité influe peu sur le degré d'information des entreprises. En revanche, l'opinion des dirigeants et des directions des ressources humaines vis-à-vis de ce nouveau contrat varie selon les secteurs. Les entreprises du commerce sont, par exemple, plus nombreuses à estimer que le dispositif est plus attrayant que les anciens contrats en alternance (39 %). A la différence des autres secteurs, une forte majorité d'établissements de la construction pensent que le contrat de professionnalisation est tout aussi attrayant que les anciens contrats en alternance (56 %).

Contrats en alternance : une dégradation continue

Les entreprises françaises ont-elles vraiment encore envie de contrats de formation par alternance pour intégrer des jeunes ? La question se pose, car ces contrats d'alternance (contrats de qualification, d'orientation et d'adaptation, à ne pas confondre avec les contrats d'apprentissage) vivent une dégradation continue depuis trois ans : 165 000 contrats ont été enregistrés en 2003, soit une baisse de 11 % par rapport à 2002, et de 23 % par rapport à 2000 (1).

Cette baisse a surtout affecté les contrats en faveur des jeunes et a été particulièrement marquée dans l'industrie (-18 % pour les contrats de qualification et -11 % pour les contrats d'adaptation).

Parallèlement, la part des entrées de jeunes au niveau bac a cessé de s'élever. Elle représentait 49 % des entrées en contrat de qualification et 26 % de celles en contrat d'adaptation en 2003 contre, respectivement, 36 % et 24 % en 1996. Pourtant, on remarquait également que les jeunes non qualifiés ne représentaient plus que 9 % des entrées en contrat de qualification et 7 % des nouveaux contrats d'adaptation !

En revanche, la recherche d'un diplôme via ce type de contrat restait la motivation première. En 2003, 69 % des nouveaux contrats de qualification préparaient à un diplôme ou à un titre homologué, soit près d'un point de plus qu'en 2002 et 16 points de plus qu'en 1996.

(1) Formation en alternance : le repli des entrées en contrat de qualification s'est amplifié en 2003, Premières informations et Premières synthèses n°07.4 de février 2005, consultable sur le site :

<www.travail.gouv.fr/etudes/etudes_h.html>

Auteur

  • L. G.