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Enquête

Les tribulations d'un syndicaliste en Chine

Enquête | publié le : 29.03.2005 | Emmanuel Franck

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Les tribulations d'un syndicaliste en Chine

Crédit photo Emmanuel Franck

Un délégué syndical central CGT du groupe PSA a passé dix jours en Chine à la rencontre de ses homologues d'une usine du groupe. L'occasion de vérifier les divergences de pratiques syndicales.

Au mois d'octobre 2004, une délégation de la fédération métallurgie de la CGT s'est rendue à Pékin et à Shanghai pour rencontrer des syndicalistes chinois. Ces derniers rendaient leur invitation aux Français, qui les avaient accueillis à Nantes, début 2004, à l'occasion du congrès de la fédération métallurgie. Membre de cette délégation, composée de responsables fédéraux et de délégués d'entreprise (Alcatel, Schneider, Alstom et PSA), Marcel Merat a pu s'entretenir avec ses homologues de l'usine de Wuhan, capitale de la province du Hubei (située à environ 1 000 km à l'ouest de Shanghai). Cette usine, fruit d'une joint-venture entre PSA et le constructeur automobile chinois Dong Feng motors, existe depuis douze ans et produit des ZX, des Xsara et des 307, destinées au marché local. Elle emploie 5 239 salariés en CDI.

Divergence de conception

Cette visite a été l'occasion de constater la divergence entre les conceptions française et chinoise du syndicalisme. En Chine, n'existe qu'un syndicat unique, « très lié à un gouvernement dont l'objectif est de donner un toit et à manger à tous », relate Marcel Merat. Le syndicat unique chinois a fait sienne la ligne officielle : enrichissement personnel et développement du pays.

Un travail de comité d'entreprise

D'où un syndicalisme d'«accompagnement», et non de «revendication», selon Marcel Merat. « Si un salarié encourt une sanction, le syndicat de l'usine sera consulté, mais aura tendance à sanctionner la faute plutôt qu'à défendre le salarié. Le syndicat n'engage pas non plus d'actions revendicatives, ni encore moins de grèves, car un Chinois ne fait pas grève », explique-t-il.

Le travail du syndicat de l'usine de Dong Feng rappelle, en fait, celui des comités d'entreprise français. Comme dans l'Hexagone, 2 % de la masse salariale lui sont alloués, qu'il utilise pour monter des actions sociales et culturelles.

Un peu de pédagogie

Autant dire que la réduction du temps de travail n'est pas à son menu. L'augmentation des salaires non plus, qui, pourtant, aurait pu être un point de convergence entre Français et Chinois. Mais les ouvriers de l'usine sont relativement bien payés : « PSA a dû augmenter ses salaires pour attirer des jeunes qualifiés », explique Marcel Merat. Dans ces conditions, il n'envisage pas de coopération franco-chinoise sous une autre forme qu'un échange d'informations et de visites. Il est déjà prévu que les Chinois visitent une usine française. Marcel Merat espère, à cette occasion, faire de la pédagogie. Il a bon espoir que les représentants des jeunes salariés de cette usine - 60 % ont moins de 30 ans - prendront conscience, par exemple, des risques de TMS qu'occasionne un travail répétitif, et sauront faire en sorte que ce problème ne s'exporte pas en Chine.

PSA Peugeot Citroën

> Activité : constructeur automobile.

> Effectifs : 207 200 salariés répartis dans 140 pays.

> CEE : 11 pays représentés.

> Chiffre d'affaires 2004 : 56,8 milliards d'euros.

Auteur

  • Emmanuel Franck