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Les Pratiques

Nestlé Waters navigue toujours en eaux troubles

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 22.03.2005 | M.-P. V.

A l'été 2004, la CGT tente de faire échec à un projet de restructuration de Nestlé Waters France. Le conflit se cristallise sur le site de Perrier. Aujourd'hui, le syndicat vient de remporter une nouvelle victoire, avec la suspension, par la justice, de la filialisation du site de Vergèze.

Nouvel obstacle à la réorganisation de Nestlé Waters France : le 14 mars dernier, le TGI de Nîmes a ordonné la suspension de la filialisation de l'usine Perrier de Vergèze (Gard), jusqu'à l'issue d'une nouvelle consultation des représentants des salariés. Depuis le début de l'année, en effet, le groupe s'est divisé en six entreprises : Vittel-Contrex, Perrier, Quézac, marketing-distribution, comptabilité-informatique et holding. Ce sont les effets de la crise Perrier qui a agité l'été 2004. La CGT avait, alors, opposé son veto à un projet de restructuration prévoyant le départ en préretraite de 1 047 salariés.

Le syndicat, majoritaire dans le groupe avec 55 % des voix, force la branche «eau» du géant suisse à retirer son plan. Il campe sur sa position jusqu'à fin septembre. Mais la direction menace de vendre le site de Vergèze. La CGT cède, et lève son droit d'opposition. Nestlé Waters décide finalement de découper le groupe en six filiales. Cette réorganisation entraîne, de fait, la disparition du comité central d'entreprise et un affaiblissement de la CGT.

Remise en cause des accords d'entreprise

« Aujourd'hui, les salariés restent très inquiets sur leur avenir », estime Michel Dormoy, délégué syndical CFDT de Vittel-Contrex. La filialisation a naturellement abouti à la remise en cause de la centaine d'accords d'entreprise en vigueur. « La convention GGS (Générale Grande Source, NDLR), qui contient la plupart de nos statuts, continuera à s'appliquer pendant vingt-sept mois. Les autres accords sont valables jusqu'en mai 2006. D'ici là, il faut tout renégocier. Ça peut pendre du temps », explique Bernard Marcy, délégué syndical CFE-CGC de Perrier.

La direction, elle, souhaite aller vite. Car, sans renégociation du temps de travail, de la planification des équipes, des rémunérations et des classifications, le groupe ne pourra pas mettre en place la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, prévue dans l'accord du 23 juillet 2004. Mais le jugement du 14 mars, indique-t-elle, « va mécaniquement engendrer un retard pour la filialisation, et surtout pour la mise en oeuvre des nouvelles organisations de travail et, notamment, le plan de préretraites ». Or, « tout retard dans ce domaine est capital, vu la situation financière intenable dans laquelle se trouve l'usine de Vergèze », souligne Pierre-Alexandre Teullier, responsable des relations extérieures de Nestlé Waters France.

Retraite par anticipation

Selon l'accord de juillet 2004, 1 047 salariés volontaires âgés de plus de 55 ans pourront partir en retraite par anticipation. La plupart sont opérateurs sur les lignes de production. Ils ne seront remplacés qu'à hauteur d'un pour trois. « Leur départ suppose une nouvelle organisation du travail performante, qui permette de faire tourner les lignes de production avec moins de personnes qu'auparavant », explique Pierre-Alexandre Teullier. « Nous ne signerons pas d'accords nous faisant perdre des acquis sociaux », avertit cependant Jean-Paul Franc, délégué syndical CGT à Vergèze.

Gains de productivité

La nouvelle organisation du travail a déjà été testée sur sept lignes pilotes (trois à Vergèze, deux à Contrex et deux à Vittel), ainsi que sur deux entrepôts. Sur les lignes de production, l'opération consiste à « faire évaluer et former les agents pour qu'ils soient en mesure de réaliser des interventions de maintenance de premier niveau, précise Pierre-Alexandre Teullier. Dans les entrepôts, il peut s'agir, par exemple, pour un cariste, de descendre de son chariot pour pousser son chargement dans le wagon ».

Richard Girardot, président de Nestlé Waters France, a indiqué, le 8 mars dernier, que l'entreprise avait ainsi enregistré des gains de productivité de 25 % à 30 %, avec 30 % de salariés en moins. La généralisation de cette nouvelle organisation dépend désormais de la mise en oeuvre d'une réelle consultation des partenaires sociaux de Perrier. Le 8 mars dernier, Richard Girardot rappelait que, si les objectifs de rentabilité n'étaient pas atteints, l'option de vendre Perrier était toujours sur la table...

L'accord du 23 juillet 2004

Dispositif de CATS (cessation anticipée d'activité des travailleurs salariés) avec le départ en préretraite de 1 047 salariés volontaires âgés de 55 ans d'ici au 30 avril 2007, soit 860 postes équivalents temps plein. Le dispositif s'accompagne de l'embauche de 276 personnes, compensant partiellement les départs.

Recentrage progressif sur les activités de production par la sous-traitance de services dits périphériques : gardiennage, nettoyage...

Gains de productivité par «révision des standards et des temps d'ouverture des lignes».

Programme d'accompagnement et de formation des personnels dans le cadre d'une gestion prévisionnelle des compétences.

Nestlé Waters France

> Effectifs : 4 600 salariés.

> Sites : sites de production à Vergèze (1 600 salariés), Vittel (1 350 salariés), Contrexeville (800 salariés) et Quézac (50 salariés) ; Verrerie du Languedoc, à Vergèze (450 salariés) ; siège à Issy-les-Moulineaux (350 salariés).

> Chiffre d'affaires : 5,2 milliards d'euros en 2004.

Auteur

  • M.-P. V.