E & C : Celerant Conseil, cabinet-conseil en stratégie et management, a présenté, le 15 mars dernier, les résultats d'une enquête CSA intitulée «Délocalisations industrielles : caractéristiques et opinion des dirigeants français». Une centaine d'interlocuteurs, dont des DRH, ont été interviewés. Que révèlent leurs réponses ?

P. A. : Pour les entreprises interrogées, délocaliser obéit à des considérations stratégiques de développement international et d'allocation des actifs industriels. Elles sont, bien sûr, à la recherche d'une rentabilité optimale. Parmi les fonctions de l'entreprise, la production représente la première délocalisée, loin devant toutes les autres comme, curieusement, les services client et informatiques. En revanche, les délocalisations s'accompagnent du renforcement des fonctions liées à la production, à l'instar du contrôle opérationnel et qualité, pour la moitié des entreprises, et du supply chain & logistique, pour un tiers. Sans surprise, le coût de la main-d'oeuvre demeure l'élément clé motivant une délocalisation, pour plus des trois quarts des dirigeants. Notons que les avantages fiscaux proposés dans les pays d'accueil sont évoqués par moins d'un quart des entreprises.

E & C : Quel est l'état d'esprit de ces dirigeants face aux délocalisations ?

P. A. : Plus des deux tiers d'entre eux considèrent que ces opérations sont un mal pour la France ; 4 entreprises sur 5 déplorent les pertes d'emplois qui en découlent et les trois quarts y voient une perte de savoir-faire. Pour autant, près de la moitié des dirigeants considèrent également qu'il s'agit d'un moyen de redistribuer la richesse et l'emploi dans le monde. Ainsi, si la mondialisation est un fait et appréhendée comme source d'opportunités, elle suscite des inquiétudes. J'ai le sentiment que les dirigeants d'entreprise, en France, font preuve d'une grande maturité dans leur approche. S'ils cherchent à tirer parti des délocalisations pour leur entreprise, ils conservent néanmoins un esprit citoyen.