« Al'issue du stage, nous disposons de quatre à cinq business plans, tous bons, que Gaz de France n'est pas capable de sortir aussi vite, ni aussi bien. » Valérie Blanchot-Courtois est à l'initiative de Gaz de France Entreprendre, un programme lancé en 2001 pour développer l'intrapreneuriat chez le producteur et distributeur de gaz. Elle vient alors de créer Gaz de France Pôle Sophia-Antipolis, une antenne de la direction de la recherche parisienne, où elle était auparavant manager.

« 700 collaborateurs, un budget de 70 millions d'euros, et des difficultés à accélérer le rythme d'innovation, et à faire en sorte que les projets de recherche aboutissent plus rapidement à un produit mis sur le marché », résume-t-elle. A Sophia, elle est « frappée par l'esprit d'entreprendre ». « J'ai immédiatement fait le lien avec les problèmes rencontrés dans mon précédent poste. La réponse se trouvait non dans les procédures, mais dans les hommes », explique-t-elle.

Puis, survient «une rencontre clé» avec Michel Bernasconi, qui dirige la chaire «Entrepreneuriat high-tech» du Ceram, l'école de commerce de la CCI de Nice-Côte d'Azur. Ainsi naît «Coup de pouce» qui, avec «Poll'En», constitue un programme d'intrapreneuriat ciblé sur les collaborateurs de la direction de la recherche de Gaz de France, puis étendu à d'autres directions du groupe.

«Coup de Pouce» consiste, à la demande de leur hiérarchie, à mettre des salariés en conditions réelles de création d'entreprise. Chaque session regroupe 12 à 15 personnes qui travaillent, par équipes de trois, sur un projet susceptible de devenir un «business» pour leur entreprise.

« Ils bénéficient des apports théoriques du Ceram et sont encadrés pour structurer un business plan à partir d'une idée qu'ils incarnent véritablement. Ils échangent aussi avec des entrepreneurs », précise Valérie Blanchot-Courtois. Le dernier jour, les stagiaires présentent leur business plan devant un jury composé de professionnels de la création d'entreprise et de grands patrons de Gaz de France. « Pour être un bon entrepreneur, il faut être sous pression. Devant leurs patrons, ils n'ont pas le choix : ils doivent réussir. » En trois ans, 100 collaborateurs de Gaz de France ont, ainsi, été formés en huit sessions.

Les business plans issus de ces stages constituent tous « des projets de croissance pour le groupe. Les résultats sont également d'ordre comportemental. De retour dans leurs directions, beaucoup portent davantage leurs efforts vers l'entreprise, chacun la faisant sienne, et certains raflent la mise. L'un d'eux a généré 10 millions d'euros de marge brute pour Gaz de France grâce à un projet s'inscrivant dans une activité de négoce ».

Le stage se prolonge par trois réunions, à un mois d'intervalle. Les participants s'interrogent sur ce qu'ils ont appris et décident parfois de poursuivre l'aventure en transformant leur projet en création d'entreprise. Ils bénéficient alors de Poll'En, un programme d'essaimage de projets stratégiques ou proches du coeur de métier de Gaz de France. « Sur ce plan, il y a peu d'évaporation des talents à craindre. Très peu de dossiers arrivant vraiment à terme. Mais, au moins, l'entreprise va au bout de la démarche qu'elle a initiée. »

C'est ce qu'a fait Valérie Blanchot-Courtois en créant Human Ventures, une société «labellisée» essaimage stratégique Gaz de France. Elle a signé, en novembre 2004, un contrat de partenariat avec le Ceram, qui continue à assurer la mise en oeuvre des stages «Coup de Pouce». CQFD.

> Activité : fournisseur de gaz naturel.

> Effectifs : 38 250 salariés.

> Chiffre d'affaires 2004 : 18,1 milliards d'euros.