Travailler dans une entreprise innovante est-il bon pour le moral des troupes ? Demandez-le aux bienheureux salariés de WL Gore. «Soyez heureux, travaillez pour Gore», titrait ainsi, début mars, le journal The Scotsman, à propos de l'entreprise, qui s'installe pour la deuxième fois en tête du hit-parade britannique des 100 compagnies où il fait bon travailler.

Quant au groupe Gore lui-même, il est habitué du classement américain de Fortune. Dans la filiale écossaise, sur 426 salariés, 311 sont dans la compagnie depuis plus de dix ans. Le rythme des départs annuels est au plus bas : 5 %. Et le moral au plus haut : 92 % des salariés pensent qu'ils contribuent au succès de la société.

« Ce n'est pas une communauté hippy », a cru bon de préciser John Kennedy, le responsable du site, quand les journalistes se sont étonnés de l'absence de hiérarchie traditionnelle. Dans toutes les usines de WL Gore - 45 sites dans le monde -, les salariés s'appellent associés, les chefs de projet sont des leaders, reconnus par le vote de leurs pairs. Ces mêmes leaders peuvent redevenir simples associés au gré des projets. Et tous sont en partie propriétaire de la société : 25 % du capital du groupe leur appartient. Cette organisation plate et informelle, devenue un cas d'école de management, a été voulue par les créateurs de la société, Bill et Vieve Gore. Elle permet aujourd'hui d'appliquer des réflexes de start-up à une société née il y a quarante ans.

Bill Gore, ingénieur chimiste, avait passé dix-sept ans chez Dupont, sans jamais réussir à intéresser qui que ce soit à ses recherches. Il voulait utiliser du Téflon pour isoler le câble électrique. Frustré, il a fini par créer sa propre entreprise dans sa maison. Et s'est juré de ne pas reproduire l'organisation pesante des sociétés classiques.

Chez WL Gore, quand on a une idée, on la partage avec ses pairs. On est encouragé, soutenu... même si les autres associés se réservent le droit d'étudier le projet pour ne pas se lancer dans une aventure coûteuse sans réfléchir. Cette liberté a permis d'explorer le potentiel du fluoropolymère Téflon et de se diversifier dans plusieurs industries. WL Gore possède 650 brevets aux Etats-Unis et des milliers de par le monde. Et, de l'isolation des câbles électriques, le groupe est passé aujourd'hui à la fabrication de tissus techniques GoreTex pour l'outdoor, les fournitures pour l'aérospatiale, la santé, les télécommunications...

Des divisions opérationnelles et autonomes, d'un maximum de 200 personnes, préservent une réactivité de petites structures. Chacune de ces divisions produit, gère ses propres finances, sa recherche et sa DRH.

> Activité : produits innovants.

> Effectifs : 6 300 salariés.

> Chiffre d'affaires 2004 : 1,21 milliard d'euros.