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Les Pratiques

Peu de consultations des CV anonymes en ligne

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 15.03.2005 | M. B.

La publication de CV anonymes sur le site de l'ANPE, lancée début 2003, suscite l'engouement des demandeurs d'emploi. Les employeurs restent à convaincre.

Les CV anonymes vont-ils s'imposer grâce à Internet ? Fin 2004, le rapport Bébéar sur les discriminations avait déclenché une polémique en proposant de généraliser l'anonymat dans le traitement des candidatures. L'idée avait même fait l'objet d'un amendement parlementaire - vite rejeté. Mais, sur le web, les CV anonymes ont déjà fait leur chemin. Témoin, l'engouement suscité par la banque de profils ouverte, en janvier 2003, sur le site Internet de l'ANPE.

En deux ans, 740 000 CV y ont été déposés. Particularité de ces «profils» : ils ne mentionnent ni le nom, ni l'adresse du candidat. Fin février 2005, 196 000 profils actifs étaient répertoriés en ligne. Un chiffre certes modeste par rapport aux 2,4 millions d'inscrits à l'ANPE*, mais « nous n'en sommes qu'aux débuts », souligne Julien Varin, responsable des services spécifiques et directeur du projet anpe.fr.

Une opération simple

Le principe est simple : chacun - inscrit ou non à l'ANPE - peut mettre en ligne son CV. Il suffit de se connecter sur <www.anpe.fr> et de remplir un formulaire en indiquant sa formation, ses compétences, son expérience professionnelle... L'opération prend une quinzaine de minutes. Pour consulter la banque de profils, un employeur doit être abonné et avoir déposé une offre sur le site. Si un profil l'intéresse, il passe par l'ANPE, qui conserve son rôle d'intermédiaire : « L'instrument doit être pilotable », souligne Julien Varin.

Ateliers Internet

Ce service a rapidement décollé, malgré l'absence de campagne publicitaire : « En quelques mois, se souvient Julien Varin, nous sommes montés à plusieurs dizaines de milliers de profils. » La banque bénéficie de l'audience du site de l'ANPE (82 millions de visites en 2004).

Elle est également relayée par les agences locales, qui aident les demandeurs d'emploi à utiliser ce nouvel outil. Exemple, à Montpellier (34) : l'agence de Celleneuve, dont dépendent des quartiers sensibles comme celui de La Paillade, organise, depuis 2003, des ateliers Internet où l'on apprend, entre autres, à mettre son profil en ligne. « Avec ce système, les personnes sont jugées sur leurs compétences, et sur rien d'autre, souligne Bernadette Manigault, directrice de l'agence. Pour les publics dont nous nous occupons, c'est très important. » De plus, souligne-t-elle, l'anonymat favorise « la mobilité géographique et intersecteur ».

Autre atout de la banque de profils : son ouverture aux salariés. Près d'un tiers des profils actuellement en ligne ont été déposés par des actifs qui cherchent à changer d'emploi. « On est au plus près de la réalité du marché du travail », juge Julien Varin. En tête du «Top 5» des professions les plus représentées, on trouve le secrétariat. Suivent l'informatique, la vente, l'entreposage et la comptabilité.

Contacts employeurs

Seule ombre au tableau : si l'engouement est réel chez les demandeurs d'emploi, les entreprises ne se bousculent pas encore pour consulter les profils en ligne. En février, on ne recensait que 1 580 employeurs «abonnés actifs» à la banque de profils. « Mais les choses commencent à bouger, estime le directeur de projet. Les petites entreprises vont de plus en plus utiliser cet outil. » L'ANPE ne dispose pas, pour l'instant, de chiffres permettant d'en mesurer les retombées concrètes (notamment, le nombre d'embauches effectives). Toutefois, souligne Julien Varin, « depuis la mise en oeuvre de la banque de profils, il y a eu 148 317 contacts employeurs en direction des profils déposés. Et ces contacts semblent en augmentation ». Pour sensibiliser les entreprises, les agences locales ont lancé des opérations, comme à Celleneuve, où des démonstrations ont été organisées.

Au plan national, l'ANPE continue à enrichir ses services en ligne. A partir d'avril, il sera possible de «télé-postuler» en cliquant sur une offre (aujourd'hui, il faut se rendre dans une agence ou, au moins, téléphoner). D'ici à la fin de l'année, le site devrait proposer une recherche par «courbes isochrones» : on pourra sélectionner les offres en fonction du temps de trajet (par exemple, à moins de 30 minutes de son domicile). Une façon, explique Julien Varin, « de travailler sur l'aspect bassin d'emploi ».

* Demandeurs d'emploi catégorie 1.

Auteur

  • M. B.