La première vague de travailleurs polonais a fait son apparition en février chez Tesco, la plus grande chaîne de distribution alimentaire britannique. Deux autres vagues devraient suivre ce mois-ci et en avril. Pour l'heure, le distributeur préfère rester discret : « Nous employons environ 250 000 personnes chez Tesco. Nous avons simplement embauché 70 Polonais à titre d'essai, parce que nous souffrions d'un cruel manque de main-d'oeuvre dans certains secteurs d'emploi, commente un porte-parole de Tesco. Ce n'est qu'un pilote et nous attendons de voir comment il évolue avant de prendre de nouvelles décisions. »

Ces salariés vont occuper des emplois de conducteur de camions, mais aussi des postes dans les centres de distribution, et, enfin, au sein des points de vente situés à Londres, et dans sa banlieue. Les conditions d'emploi sont les mêmes que celles proposées aux salariés britanniques, avec un salaire mensuel équivalant à 1 500 euros.

Le distributeur entend, par ailleurs, faciliter la recherche d'un logement pour ces nouveaux employés : « Nous ne sommes pas la seule société à souffrir d'un manque de main-d'oeuvre. Dans certaines zones, elle est tellement rare que nous avons décidé de procéder à cet essai. » Un commentaire corroboré par les faits : le chômage en Grande-Bretagne a atteint l'un de ses niveaux les plus bas depuis les années 1970.

De surcroît, un récent sondage, mené par le Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD), a montré qu'un tiers des employeurs britanniques étaient prêts à embaucher de la main-d'oeuvre étrangère, et près de 40 %, parmi les plus grosses entreprises. L'année dernière, Tesco avait déjà procédé à la création de 16 000 emplois, suite à l'absorption de plusieurs chaînes de magasins de proximité.

L'appel à la main-d'oeuvre polonaise s'explique par les liens de proximité entre le distributeur et la Pologne. Tesco dispose, en effet, de 69 magasins dans ce pays, soit son deuxième plus gros marché étranger après l'Irlande, a ouvert 4 nouveaux magasins en 2003-2004 et prévoit d'en ouvrir 10 supplémentaires cette année.

Du côté des syndicats, cet appel à une main-d'oeuvre étrangère est accueilli avec circonspection, mais sans animosité par Pauline Foulkes, secrétaire nationale au sein du syndicat USDAW, qui représente le secteur de la distribution outre-Manche : « Nous avons clairement fait savoir à Tesco qu'il devait avant tout chercher à combler les postes vacants à l'aide de main-d'oeuvre locale et se tourner vers la Pologne en dernier ressort uniquement. »