ECS Solutis est une filiale d'Europe Computer Systems (ECS), une entreprise appartenant à la Société Générale, spécialisée en ingénierie locative d'actifs informatiques. Tournée, à l'origine, vers la maintenance d'infrastructures, ECS Solutis a évolué, en 2000, vers le conseil et le portage de projet.

Dans cette entreprise de 300 salariés, répartis sur 23 agences, l'utilisation d'un outil de planification s'imposait : « Nous ne pouvions plus nous contenter de fichiers Excel, puisque nous avions besoin de visibilité sur notre production et de manager le savoir au gré des projets, donc en temps réel », souligne Jean-Pierre Gobelin, directeur des opérations de la région Est.

Mais les agences ne présentent pas toutes, en interne, les mêmes profils. Plus pointus, les ingénieurs et les techniciens sont devenus, en même temps, moins disponibles. Or, sur des cas complexes, tels qu'une migration de système ou une reconstruction de machine, il faut pouvoir mobiliser très vite les personnes idoines, parfois jusqu'en Pologne ou en Tchéquie, où ECS s'implante.

La solution lui a été inspirée par la visite d'un client, qui utilisait le logiciel Opti-Time, développé par Delia Systems. Ce soft permet d'organiser l'activité et de la suivre en temps réel, de dresser son casting et de gérer les équipes, quel que soit le projet.

En 2001, ECS Solutis a choisi son agence lyonnaise (18 salariés) comme site pilote. La direction a développé simultanément, en interne, un outil métier capable de référencer la panoplie des compétences. Pour intégrer celles-ci aux besoins de production, l' organisation à dû être modifiée. Non plus fonctionnelle mais matricielle, elle consiste, localement, à balayer le spectre des contraintes du manager : contraintes légales, gestion des absences, voeux de mobilité, repérage des compétences, niveaux de formation acquis... La liste des compétences techniques est progressivement passée de 50 propriétés à une vingtaine.

En 2004, les techniciens et les ingénieurs ont déclaré leur profil et leurs souhaits d'évolution dans l'application métier. Des données «consolidées» par les entretiens annuels d'évaluation.

Concrètement, c'est le chef d'agence qui instruit la planification, qu'il paramètre selon ses besoins. « On sait mesurer le taux de production par agent et par équipe », se réjouit Fabrice Uriot, responsable de la coordination technique en région.

ECS Solutis a surtout réussi à réduire de 15 % les phases creuses entre deux projets, ces «temps d'intermission» que l'entreprise rémunère. Pour autant, Jean-Pierre Gobelin assure que la productivité dégagée ne s'est pas faite au détriment des conditions de travail. « Les techniciens n'interviennent plus dans l'urgence. Leur travail est planifié à la semaine. » Pour Jacques Gatto, manager, la diminution du stress se vérifie surtout chez les ingénieurs, plus enclins à « anticiper » et à « gérer leurs projets avec précision ».

Pourtant, l'arrivée du logiciel a suscité des réticences. Jacques Gatto redoutait « l'usine à gaz » et des « formations utilisateur mal faites ». Voire une charge de travail supplémentaire liée à la réduction des intermissions. Mais, en un an, celui qui gère les astreintes a révisé son jugement : « L'outil est devenu indispensable. » Coût total pour ECS : 200 000 euros, dont 40 000 euros pour la licence serveur. Delia promet un amortissement sur trois ans. LAURENT POILLOT

> Activité : gestion locative d'actifs informatiques.

> Effectifs : 300 salariés, 23 agences en France.

> Chiffre d'affaires ECS : 1,83 milliard d'euros en 2004.