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Les Pratiques

Toyota veut embaucher ses retraités

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 01.03.2005 | Michel Temman, à Tokyo

Le casse-tête du vieillissement rapide de la population au Japon cause des soucis à de plus en plus d'entreprises nippones à la recherche de la parade idéale. Toyota vient d'annoncer un programme global de réembauche, de 60 ans jusqu'à 65 ans.

Comment perpétuer la force vive de l'entreprise à l'heure où le Japon vieillit trop vite ? En 2015, 25 % de la population de l'archipel aura plus de 65 ans. Le géant automobile Toyota croit avoir trouvé la solution. Le groupe vient d'annoncer qu'il introduira, à partir de 2006, un système de réembauche de ses salariés ayant atteint 60 ans, l'âge (officiel) de la retraite. Une mesure qui fait suite au relèvement de l'âge à partir duquel commence la perception des pensions de retraite-salarié.

Retraite à 65 ans

En adoptant cette mesure, Toyota peut combler le manque de main-d'oeuvre causé par les départs à la retraite en masse de la génération du baby-boom. Il peut aussi assurer une transmission plus souple du savoir technique aux nouvelles recrues. Le groupe discute, d'ores et déjà, avec les syndicats des modalités pratiques. Jusque-là, la réembauche restait limitée à une minorité de ses salariés, jusqu'à 63 ans. Dorénavant, il va généraliser le système à ses 64 000 salariés au Japon en relevant l'âge limite du départ à la retraite à 65 ans, « et peut-être au-delà dans l'avenir ».

La réforme des retraites en cours prévoit d'abaisser de 15 % le niveau des pensions des actifs, et d'augmenter graduellement les cotisations retraites des salariés jusqu'à 18,3 % du revenu annuel. La charge sera alors partagée entre employeur et employé. Une réforme qui « peut fonctionner pendant au moins cinquante ans », selon le Premier ministre Junichiro Koizumi.

Mais il se pourrait que cette réforme aggrave, en réalité, le fossé générationnel. D'après un calcul du magazine économique Toyo Keizai, les actifs nippons nés en 1940, vivant en couple et ayant cotisé quarante ans, reçoivent, aujourd'hui, 2,68 fois plus que ce qu'ils ont cotisé. Mais les nouveaux actifs nés en 1980 ne recevront, à l'âge de la retraite, que 0,63 fois ce qu'ils auront payé. Pour éviter un «choc des générations» en interne, les grands magasins Mitsukoshi, par exemple, ont supprimé, l'an passé, les pensions de retraite versées à leurs dirigeants. Mais cette solution extrême reste rare.

Révision des rémunérations

A l'inverse, pressé par le besoin de conserver des salariés compétents et expérimentés, le géant du textile Toray a décidé d'augmenter ses salariés de plus de 55 ans, revenant sur une politique salariale établie depuis les années 1960. Le groupe avait alors relevé l'âge de départ de 55 à 60 ans, mais en réduisant de 25 % les salaires des plus de 55 ans. Son revirement pourrait influencer les négociations salariales en cours dans d'autres secteurs. Les syndicats, qui revendiquent depuis longtemps une révision des rémunérations des seniors, devraient, cette fois, être aidés par le contexte économique et démographique.

Auteur

  • Michel Temman, à Tokyo