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Enquête

Plus de 2 millions de diplômés chaque année

Enquête | publié le : 01.03.2005 |

Principal atout de l'Inde dans l'économie globalisée : une main-d'oeuvre nombreuse, bon marché, anglophone et qualifiée, notamment dans les nouvelles technologies. Etats et entreprises collaborent étroitement pour monter des cursus qui collent aux besoins du marché.

« Notre démographie, un problème ?, s'interroge, ironiquement, P. Raghuveer, ministre délégué des Technologies de l'information et de la communication de l'Etat de l'Andhra Pradesh. Mais quel autre pays que l'Inde est en mesure de produire 700 000 diplômés en sciences et technologies, dont 3 500 docteurs en sciences, chaque année ? » Le ton est donné : en Inde, c'est par la formation que le salut arrivera (et arrive déjà).

Position de leader

Dans tous les quartiers d'Hyderabad (capitale de l'Andhra Pradesh et sixième ville indienne, qui accueille, entre autres, le plus gros centre de développement de Microsoft), les larges affiches de publicité pour divers écoles et collèges, notamment d'ingénieurs, illustrent à leur manière la «vision» que l'Etat s'est assignée à horizon 2020 : « Acquérir une position de leader et d'excellence dans l'ère de l'information et devenir une société de la connaissance. » Une ambition résumée par le slogan «from illiterates to e-literates».

Au niveau national, l'Inde compte plus de 380 universités et 1 500 instituts de recherche ; elle produit, chaque année ; 230 000 ingénieurs, plus de 300 000 diplômés bac + 4, et plus de 2 millions d'autres diplômés, dont 9 000 titulaires de doctorat ; 7 % des jeunes étudient à l'université (contre 5 % en Chine).

« Dans ce pays, c'est le désir de tous les parents de voir leur enfant devenir ingénieur », se félicite Azim Premji, président fondateur de l'entreprise de services informatiques Wipro. Qui est persuadé que ce vivier prendra encore plus de valeur au fur et à mesure que les pays occidentaux rencontreront des pénuries de talents.

Ecoles d'excellence

Le pays s'appuie sur cinq écoles d'excellence, les Indian Institutes of Technology (IIT), créés par Nehru à partir de 1950. Ces équivalents des meilleures écoles d'ingénieurs françaises (dont les frais d'inscription s'élèvent à 40 000 roupies, soit 300 euros par an) sont accessibles sur concours après le bac. « Sur 200 000 candidats chaque année, 3 500 à 4 000 sont retenus, qui, en fonction de leur rang, choisissent un campus et leur discipline, explique Prabhu-Gaunkar, Gajanana V., professeur au département de sciences des matériaux de l'IIT Bombay et à l'université Paris-11. Parmi les meilleurs élèves, plus de 50 % choisissent l'informatique et l'électronique. Pour faire de l'informatique à l'IIT de Bombay, il faut ainsi être reçu parmi les 100 à 150 premiers. »

Classe mondiale

L'IIT de Bombay a pour ambition de « délivrer une éducation de classe mondiale, ajoute-t-il, destinée à satisfaire tant les laboratoires de recherche nationaux que l'industrie ». Il propose divers «B-tech» (diplômes d'ingénieur en quatre ans), «masters of technonolgy» et doctorats. Ont récemment été créés un «dual degree», qui permet d'acquérir un B-tech et un master en cinq ans au lieu de six, ainsi qu'un diplôme d'ingénieur en enseignement à distance.

Mais la formation est aussi largement l'affaire des Etats. Ceux du Karnataka (Bangalore), de l'Andhra Pradesh (Hyderabad) et du Maharajstra (Bombay) ont été les premiers à libéraliser, dans les années 1950, l'éducation supérieure, et à voir se multiplier les écoles d'ingénieurs. L'Andhra Pradesh en compte 226, formant chaque année 86 000 ingénieurs, et le Karnataka 131, dont sortent annuellement 32 000 diplômés. Mais ces deux Etats ne s'en contentent pas. Pour attirer toujours plus d'entreprises indiennes et étrangères, outre les investissements immobiliers et les «incentives» (électricité offerte, exonérations d'impôt à l'export, subventions à l'embauche...), ils s'efforcent de développer les «soft skills» de leurs jeunes diplômés, afin de leur permettre d'être immédiatement opérationnels. L'Andhra Pradesh a ainsi institué à leur attention un «test d'employabilité», destiné à vérifier leurs compétences en anglais écrit et oral (notamment pour corriger un accent trop marqué), mais aussi leur logique et leur capacité de concentration.

Des liens écoles entreprises très forts

Enfin, à tous les niveaux, les entreprises sont largement partie prenante des cursus de formation. L'International Institute of Information Technology, mis en place par l'Etat de l'Andhra Pradesh, compte ainsi plusieurs «écoles» mises en place en collaboration directe avec les entreprises IBM, Oracle, Motorola, Satyam et Keane. Quant à l'IIT de Bombay, 20 % de son budget de recherche (soit 5 millions d'euros) est sponsorisé par l'industrie, tandis que certains laboratoires de recherche appliquée vivent grâce aux donations d'anciens, ayant réussi en Inde ou aux Etats-Unis ! S. F.