L'emploi non qualifié, dans les discours des décennies précédentes, semblait destiné à régresser, voire à quasiment disparaître. Les protagonistes économiques voulaient voir dans notre époque une tendance générale à l'augmentation du niveau de compétence. Or, aujourd'hui, 20 % des travailleurs continuent d'occuper de tels emplois. Une fraction importante de jeunes, pour leur part, quittent le système éducatif sans qualification reconnue, de telle sorte que l'obtention d'un emploi constitue à la fois la revendication prioritaire de ces catégories et la condition d'amorçage d'un itinéraire qualifiant.

Le maintien d'un volume suffisant d'emplois non qualifiés était apparu comme un objectif de lutte contre l'exclusion. Il s'est notamment traduit par le recours aux exonérations de charges sur les bas salaires. La question qui se pose désormais reste la même qu'au cours des périodes précédentes : le travail non qualifié assure-t-il l'insertion dans une organisation du travail qualifiante, avec des perspectives de carrière, ou enferme-t-il dans un segment infériorisé du marché du travail ?

Cet ouvrage est le résultat d'une recherche pluridisciplinaire engagée par la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail, en 2001. Il vise à décrypter le retour de ce type d'emplois non qualifiés et les problèmes qu'il pose dans une économie de la connaissance. L'enjeu est, évidemment, d'infléchir les politiques de l'emploi, notamment au regard de la dimension européenne. P. R.