L'usine et ses fantômes

Il était une fois l'usine Penarroya à Marseille, qui a fermé ses portes en février 2001. Elle appartenait au groupe Metaleurop et était installée au coeur du quartier de l'Estaque. Christian, un ancien employé, déclare fièrement qu'« ici, on fabriquait le meilleur arsenic du monde, très fin ». On égrène les souvenirs : la sirène des ateliers retentissait chaque jour à l'heure du déjeuner et rythmait la vie du quartier ; les ouvriers défilaient au bistrot du coin, pour prendre un café ou un casse-crôute, acheter leur ration de cigarettes. Le discours de Christian est empreint de nostalgie. « Le charme de ces usines d'avant, c'est qu'on travaillait la nuit, après, on rentrait à la maison, et on avait la journée payée. » La belle époque... ! Mais cette histoire en cache une autre, que les souvenirs n'embellissent pas cette fois, bien moins lisse, et où viennent se glisser les mots de la mort. Germaine, 83 ans, vivant à l'Estaque depuis toujours, décrit l'autre côté du miroir. La plupart des habitants de sa rue, aujourd'hui désertée, ont été emportés par un cancer... Ce documentaire de Nicolas Ruffault peint un portrait sans fioritures ni pathos d'un quartier littéralement «empoisonné» par son usine nourricière.

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