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Enquête

« Un changement de paradigme »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 22.02.2005 | G. L. N.

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« Un changement de paradigme »

Crédit photo G. L. N.

E & C : Le passage aux IFRS a beaucoup été présenté comme un bouleversement pour les entreprises françaises. Qu'en est-il selon vous ?

F. K. : Culturellement, c'est un changement de paradigme. Je prendrai pour exemple les garanties santé accordées aux retraités.

A l'origine, beaucoup de régimes ont été construits autour du principe de solidarité entre les générations. L'équilibre était assuré par le renouvellement constant de bénéficiaires jeunes, plus forts contributeurs que consommateurs.

Les normes IFRS font abstraction de cette approche en «groupe ouvert». Les engagements doivent être provisionnés pour tous les bénéficiaires, sans considération des entrées futures, véritable approche en «groupe fermé».

C'est un réel bouleversement, car au-delà des conséquences financières de ce nouveau regard, l'entreprise est contrainte à se positionner sur ce qu'elle peut et veut faire en santé, et sur les limites qu'elle entend fixer à la solidarité intergénérationnelle.

E & C : D'autant que les entreprises doivent prendre en compte les engagements implicites...

F. K. : Effectivement, et c'est un des points clés de l'IAS19. Nous avons, cette année, recensé et estimé les sources de passif social et mis en évidence des engagements oubliés, dont ceux implicites découlant de la santé. Dès que les comptes entre actifs et retraités sont mutualisés et s'il existe une participation patronale, il n'est pas forcément suffisant d'écrire que la contribution est limitée aux seuls actifs. L'entreprise peut aussi être engagée sur le déficit potentiel du régime et devra provisionner en conséquence.

E & C : De quelle manière les entreprises réduiront-elles leurs engagements ?

F. K. : Toutes n'auront pas cet objectif. S'ils correspondent à leur politique sociale et si elles ont pris la pleine mesure des enjeux financiers et sociaux, elles peuvent choisir de les laisser en l'état. Dans le cas contraire, elles s'efforceront de revoir leur plan retraite, de fixer des limites dans les droits accordés aux retraités...

Globalement, l'objectif essentiel est alors de déplacer les risques pris par l'employeur... vers le salarié. Un souffle d'air pour les comptes, qui ne sera toutefois accepté par le CAC qu'en contrepartie de gages tangibles : projet d'accord ratifié, négociations abouties... De lourds mais passionnants chantiers pour 2005, en prévision de la prochaine clôture.

Auteur

  • G. L. N.