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Les Pratiques

Le port de Marseille consulte son personnel

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 08.02.2005 | Marie-Pierre Vega

Le Port autonome de Marseille a demandé à ses 1 494 agents de se prononcer sur ses projets de développement. Il cherche à relancer un dialogue social court-circuité par une partie de la CGT.

Pour décharger des bateaux, il faut des dockers, des grutiers et des mainteneurs de grues. Les premiers sont salariés de sociétés de manutention privées, les autres sont agents des ports autonomes. Parfois, ces derniers manquent à l'appel et les bateaux ne peuvent pas être déchargés dès leur arrivée. Comment, dès lors, développer la compétitivité des ports français par rapport à leurs concurrents ?

Employeur unique

A Marseille, la direction a décidé de résoudre le problème en imposant un employeur unique aux dockers et aux grutiers - appelés aussi portiqueurs - et mainteneurs. L'ensemble de ces personnels doit ainsi être transféré dans deux sociétés à capitaux mixtes privés et publics, une sur le terminal à conteneurs de Fos, l'autre sur celui de Marseille. Les opérateurs privés y seront majoritaires, le Port autonome de Marseille (PAM) sera l'actionnaire public. Cette privatisation, qui s'accompagne d'une nouvelle organisation du travail, constitue la phase préalable à un investissement de 1,5 milliard d'euros, dont 540 millions d'argent public, prévu d'ici à 2009.

Sur le terminal de Marseille, la nouvelle organisation du travail s'est mise en place sans heurt il y a plus d'un an. Mais, à Fos, la CGT, majoritaire sur le port avec plus de 60 % des voix aux dernières élections, fait de la résistance. Depuis dix-huit mois elle multiplie les conflits et les grèves, paralysant régulièrement les quais. Pour asseoir son autorité et contourner l'organisation syndicale, la direction du port a décidé d'organiser un référendum. Les 18, 19 et 20 janvier derniers, les 1 494 agents ont été appelés à donner leur avis sur trois questions. Taux de participation : 89,5 %.

Résultats mitigés

Christian Garin, président du PAM, analyse : « Avec un tel chiffre, la direction sort confortée. Les agents ont pris conscience qu'ils se trouvent à un tournant dans l'activité du port. » Néanmoins, dans le détail, les résultats apparaissent mitigés ; 82 % des agents ont approuvé la politique de grands projets de la direction ; 57 % disent également souhaiter la recherche d'une solution légale et statutaire au problème du bakchich. Il s'agit d'une rémunération additionnelle illicite, allant jusqu'à 1 000 euros, versée par les entreprises de manutention aux grutiers et aux mainteneurs pour éviter les grèves du zèle. Mais seulement 44,6 % ont voté «oui» à la troisième question portant sur la nouvelle organisation du terminal de Fos. « En réalité, l'écart avec le «non» est de 25 voix seulement », affirme Christian Garin. La présidence du port accepte, cependant, d'en tenir compte : « Nous renouvelons une proposition de compromis déjà faite à la CGT en novembre 2004, avec cinq embauches en sus de ce que la direction a évalué comme nécessaire. » Menace à peine voilée de la direction : en cas de refus, elle pourrait passer en force.

Auteur

  • Marie-Pierre Vega