Qui sont les prestataires de formation professionnelle continue et comment se portent-ils, alors qu'une difficile réforme de cette thématique agite les entreprises ? Le document Premières synthèses n° 05.3, publié par la Dares, le 3 février, apporte des réponses. Les résultats de cette étude, bien que portant sur l'année 2002 - en raison du temps de traitement des déclarations pédagogiques et financières des organismes de formation -, confirment les tendances de fond, mais offrent cependant des surprises.

En 2002, 45 900 prestataires de formation, tous statuts confondus, ont été actifs. Leurs chiffres d'affaires cumulés ont atteint 7,8 milliards d'euros ; 15,2 millions de stagiaires ont été formés, et un milliard d'heures de formation ont été dispensées.

Première surprise : les prestataires à statut privé renforcent leur emprise sur ce marché, avec 75,8 % de celui-ci : 38,7 % pour les privés à but lucratif et 37,1 % pour les privés à but non-lucratif. De plus, leur taux de croissance 2002-2001 sont respectivement de 6,8 % et de 7 %. Contre +3,2 % pour les Greta et autres établissements de l'Education nationale, qui représentent 12 % du marché.

Autre constat : le marché est très concentré ; 86 % est détenu par 18 % des organismes, alors que 73 % ne réalisent que 8 % des actions de formation. La réputation d'atomisation du marché est donc à revoir.

Le «coeur du marché» est constitué de 8 900 organismes ayant comme activité principale la formation continue et qui, à eux seuls, pèsent 3,26 milliards d'euros de chiffre d'affaires (40 % du chiffre d'affaires du secteur, en hausse de 6,3 %). Ils ont formé plus de 5,6 millions de stagiaires et dispensé 422 millions d'heures de formation. Au final, seuls 2 % des organismes déclarent plus de 3 millions d'euros chacun et occupent le tiers du marché.

Du côté des financeurs, on constate la montée en puissance de la commande privée : les entreprises et les organismes collecteurs (Opca) contribuent pour un peu plus de la moitié au chiffre d'affaires du marché de la formation (54 %), les pouvoirs publics pèsent à peine plus d'un quart (27 %). Il est à noter que la commande exprimée par les intermédiaires que sont les Opca augmente nettement : +11,4 %. Ce qui fait débat avec les prestataires de formation, qui estiment que ces derniers sont un frein à la fluidité du marché.

Deux autres indicateurs marquent le pas. Après une hausse de près de 10 % par an, en moyenne, le nombre de stagiaires n'a augmenté que de 3,1 % en 2002, c'est la plus faible progression depuis 1997 ! Et la durée moyenne des formations poursuit sa tendance à la baisse : 81 heures en 2001 contre 75 heures en 2002. Les demandeurs d'emploi suivent les formations les plus longues : 139 heures en moyenne en 2002. La formation dure plus longtemps dans les organismes publics et parapublics : 200 heures contre 119 heures pour les stagiaires formés au sein du secteur privé lucratif. Elle avoisine 55 heures pour les formations dispensées aux salariés. Les particuliers, quant à eux, achètent des formations d'une durée moyenne de 100 heures.

A noter, par ailleurs, que les organismes réalisant moins de 75 000 euros de chiffre d'affaires, qui représentent 50 % de l'ensemble des prestataires, forment 13 % des stagiaires, contre 20 % pour les organismes de plus de 3 millions d'euros (2 % de l'ensemble). Les gros organismes effectuent les formations les plus lourdes et les plus coûteuses.

Enfin, les informations sur la nature des emplois de formateurs réservent une dernière surprise. Le métier attire, leur nombre a en effet augmenté d'environ 50 % entre 1993 et 2002. Le nombre de ceux exerçant à titre principal se maintient entre 110 000 et 125 000 personnes, dont un peu moins des trois quarts en CDI. En 2002, plus de la moitié des heures de formation professionnelle continue ont été dispensées par des salariés en CDI. Ils travaillent davantage dans le secteur privé, où ils assurent près de 65 % des heures de formation.

A l'inverse, le public et le parapublic recourent plus souvent à ces formateurs en contrats à durée déterminée ou à ces intervenants occasionnels, qui réalisent respectivement 29 % et 22 % des heures de formation de ces organismes.