«Il faut que ça aille vite et que ce soit gratuit. » Jean-François Bouteille, président du CNPA du Var, résume l'esprit de la collaboration entamée par le secteur avec ACT Méditerranée, l'Aract de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Début 2004, l'association envisage d'engager une opération collective dans la branche automobile, sur plusieurs départements. Son objet : aider les petites entreprises des secteurs de la mécanique et de la carrosserie à mettre en oeuvre un programme de prévention. La démarche s'inscrit dans le cadre du décret du 5 novembre 2001 qui oblige les employeurs à élaborer et à mettre à jour un document unique recensant les risques courus par les salariés. De cette opération collective, ACT Méditerranée espère tirer un guide méthodologique destiné à toute la branche.

« La proposition d'ACT Méditerranée rejoignait nos préoccupations. Depuis plusieurs années, le CNPA cherche à sensibiliser ses adhérents à la nécessité de moderniser les équipements et les méthodes de travail afin d'améliorer la sécurité et de prévenir les risques. Dans notre métier, ils sont liés à un matériel défectueux, l'absence ou la mauvaise utilisation de protections individuelles ou encore à un mauvais aménagement du poste de travail, explique Jean-François Bouteille, également directeur général de SA Bacchi-Bouteille, une concession automobile implantée à Fréjus (Var). Pour parvenir à mobiliser les entreprises, il fallait concevoir une opération ramassée sur quelques mois. »

Dix entreprises volontaires sont retenues à l'issue de deux réunions de présentation et de validation des objectifs. Le panel va de la TPE à la PME de 60 salariés. Quatre sont varoises et spécialisées dans la carrosserie et la peinture. Les six autres sont installées dans les Alpes-Maritimes et font de la réparation. La médecine du travail et la Cram du Sud-Est sont partenaires. Le calendrier est resserré sur dix mois. Les six premiers sont consacrés à l'identification des risques dans chaque entreprise et la définition d'un plan d'actions de prévention, formalisées dans un document unique.

« A l'issue du premier trimestre 2004, un comité de pilotage rassemblant les partenaires institutionnels et les entreprises est mis en place. Celles-ci y partagent leurs difficultés et leurs pistes d'action », précise Jean-François Bouteille. Puis les entreprises sont accompagnées dans l'élaboration de leur document unique par une chargée de mission d'ACT Méditerranée.

Des médecins du travail apportent également leur aide. « Ils étaient très motivés. Ils sont venus dans les entreprises et ont passé beaucoup de temps avec chaque patron », note le président du CNPA du Var. Les plans d'action qui découlent de l'opération s'étalent parfois sur un à deux ans. « Ils comportent des mesures faciles à mettre en oeuvre, comme la mise à disposition de gants et de lunettes de protection. D'autres supposent des investissements financiers plus importants, qui doivent être planifiés, comme l'acquisition d'une nouvelle cabine de peinture. »

Dans son ensemble, l'opération est bien perçue par les salariés des entreprises volontaires. « Certains ont été surpris par l'irruption d'une culture de la sécurité à laquelle ils n'étaient pas habitués. »

Un deuxième comité de pilotage tenu pendant l'été a permis de faire la synthèse et d'entamer la rédaction du guide La Prévention en action dans la maintenance automobile. Depuis la fin de l'année dernière, il est diffusé sur la région Paca, auprès des adhérents du CNPA et par les relais de la santé au travail. Il est également distribué dans les réunions qu'ACT Méditerranée commence à organiser dans tous les départements de la région. Dans le Vaucluse, ce rendez-vous collectif a rassemblé une soixantaine d'entreprises. Une dizaine pourraient s'engager dans une démarche de prévention, toujours avec le soutien gratuit d'ACT Méditerranée.