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Une campagne inédite pour du sang neuf

Enquête | publié le : 01.02.2005 | C. L.

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Une campagne inédite pour du sang neuf

Crédit photo C. L.

Pour remédier au manque d'infirmières, l'AP-HP a dépoussiéré ses méthodes de recrutement habituelles. Au programme : nouveau message, moyens inédits et organisation dédiée avec, en première ligne, les infirmières en poste comme ambassadrices.

L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) recherche 1 200 infirmières. Un besoin immédiat qui a contraint l'administration à innover et à monter de toutes pièces une campagne de recrutement. « C'est une minirévolution, commente Michelle Bressand, infirmière et directrice du service central de soins de l'AP-HP, responsable de l'opération. Pour la première fois, nous affichons clairement notre besoin d'infirmières. Jusqu'alors, nous avions tendance à attendre qu'elles viennent à nous ; là, nous allons à leur rencontre. »

Pénurie inédite

Il faut dire que la pénurie, par son ampleur, est, elle aussi, inédite. « Nous avons toujours eu des postes vacants. La différence, c'est qu'il n'y a pas d'accalmie, les manques se succèdent, et ce depuis cinq ans. Je n'ai pas trois mois pleins devant moi pour envoyer les infirmières en formation. »

A l'origine, selon cette dernière : les 35 heures et les nouvelles normes de sécurité et de qualité qui exigent davantage de personnels infirmiers. A cela s'ajoutent de nouveaux besoins, comme le maintien à domicile des personnes âgées ou la population grandissante des maisons de retraite qui font appel à des infirmières, tentées par une activité en libéral. Au final : le turn over de 6,5 % à l'AP-HP ne faiblit pas. « Et ce taux ne comprend pas les mouvements interhôpitaux et interservices qui désorganisent l'ensemble », ajoute Michelle Bressand. Il était donc temps d'attirer de nouvelles recrues, étudiantes ou infirmières diplômées de province.

Plan de bataille

A cette fin, un véritable plan de bataille a été mis en place, depuis octobre dernier. En première ligne, un groupe projet composé de douze infirmières et de trois cadres volontaires, décidé à dépoussiérer l'image de l'AP-HP. « Ensemble, nous avons élaboré une campagne de recrutement qui va s'animer jusqu'en avril prochain. Son budget : 170 000 euros. Nous avons, tout d'abord, sollicité les services de Guillaume Tell, une agence en communication spécialisée, pour nous proposer, en premier lieu, visuels et slogans diffusés très largement aux différents instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi), situés dans un rayon de 250 kilomètres autour de Paris, et même au-delà, jusqu'en Belgique, par exemple. Ensuite, cette agence a construit un site Internet dédié au recrutement d'infirmières (*). Les candidats y peuvent prendre connaissance, entre autres, de l'organisation de l'AP-HP, des outils mis à leur disposition dans l'exercice de leur métier et, bien sûr, y déposer leur CV. Pour les jeunes, une rubrique détaille les offres de formation », énumère Michelle Bressand. Autre innovation : la création d'une plate-forme téléphonique, animée par deux infirmières volontaires, pour répondre aux interrogations des postulants. Elles assurent également une première sélection des candidatures.

Affirmer son existence

Egalement au programme : la présence de l'AP-HP sur des forums, la programmation de 300 spots radio diffusés en local et la distribution de 800 000 cartes com' dans les lieux fréquentés par les étudiants. « L'ensemble de ces médias ont un but : que les intéressés nous connaissent rapidement. Nous mettons en avant notre diversité : 39 hôpitaux, 19 Ifsi, qui offrent un panel d'expériences et des possibilités d'évolution professionnelle sans pareil et sans changer d'employeur, un environnement professionnel d'exception, du matériel de pointe et des professionnels avec qui ils vont apprendre beaucoup. »

A cela s'ajoutent quelques avantages sociaux : une prime d'installation en début de carrière, 200 chambres rénovées d'ici à juin prochain pour accueillir les nouvelles recrues, en attendant qu'elles trouvent leur logement, 28 centres de loisirs pour les enfants du personnel, des crèches dans chaque hôpital... Et aussi l'engagement du paiement des heures supplémentaires. Une étrange précision... mais pas tant que cela : « Les heures supplémentaires et les récupérations s'accumulent à tel point qu'il est rare, aujourd'hui, que les infirmières puissent les prendre. Si, auparavant, nos personnels «faisaient avec», ce n'est plus le cas des jeunes générations ; c'est pourquoi cet argument a son importance », souligne la directrice du service central de soins, ajoutant qu'actuellement une réflexion est en cours pour individualiser les horaires par service, afin de coller davantage aux desiderata des personnels.

Au 30 décembre 2004, la campagne battait son plein : 545 CV avaient été déposés sur le site, 45 infirmières avaient été recrutées via les forums, en attendant la sortie prochaine des futurs diplômés. Quoi qu'il en soit, Michelle Bressand est satisfaite : « Cette campagne a été bénéfique tant en interne qu'en externe. Nous avons appris à parler de nous. »

(*) <www.infirmiere.ap-hp.fr>

AP-HP

> Activité : centre hospitalier universitaire (soins, recherche et prévention).

> Effectifs : 93 000 personnes, dont 20 000 infirmiers.

> Objectif de recrutement : 1 200 infirmiers.

Auteur

  • C. L.